Sommaire de mars 2009 - n°1257
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Editorial
François Morel, rédacteur en chef
"Point d'interrogation sur l'innovation"En quoi la baisse du pouvoir d’achat va-t-elle modifier le comportement des consommateurs et leur rapport à l’alimentation ? Et quelles réponses l’industrie pourra-t-elle apporter ? Le bilan du Cfia, qui vient tout juste de fermer ses portes, est un bon indicateur des évolutions du marché. Globalement, le salon a tenu son rang, en faisant le plein d’exposants et en accueillant, quasiment, le même nombre de visiteurs qu’en 2008. Conclusion : on ne s’arrête pas de manger ! Par contre, les signes de résistance provoqués par la crise chez les consommateurs se remarquent un peu partout : croissance du marché des sandwichs qui caracole à plus de 23 % par rapport à 2007; montée en puissance des marques de distributeurs dont la part de marché en Europe est de 23 %, contre seulement 16 % aux États-Unis et moins de 5 % en Amérique Latine ou en Asie ; retour du « cuisiné chez soi » et des formules plats-desserts à moins de 5 Û, livraison comprise, au-dessous du seuil de rentabilité… Il n’y a pas 36 moyens d’adapter les dépenses d’alimentation au porte-monnaie : ou vous sélectionnez les produits les moins chers, mais attention alors à l’équilibre nutritionnel ; ou vous réduisez les quantités. Quid, dans ce cas, de l’impact de la crise sur la valeur de l’alimentation ? En face de quoi, au lieu d’avoir une information claire sur l’étiquetage nutritionnel et une transparence des prix, qui ne soient plus laissés au bon vouloir de la grande distribution, le discours porte à confusion. A l’image du « zéro alcool », préconisé par l’Inca (1), qui trouve sa justification sur le plan scientifique, mais est une aberration sur le plan culturel. Comme les profils nutritionnels qu’a voulu imposer la réglementation européenne, risquant de classer les produits laitiers, recommandés pourtant par le PNNS, dans la catégorie des « mauvais » aliments. Les consommateurs ont besoin d’une offre plus claire et les industriels de savoir comment ne pas innover à fonds perdus. (1) Inca : Institut national du cancer
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