« Comment concilier souveraineté alimentaire, meilleure rémunération du monde agricole et répondre aux enjeux de demain alors que 2021 marque la huitième année consécutive de déflation pour notre industrie », s’interroge l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) dans sa note de conjoncture en date du 10 mai 2021. Selon le document, le taux de marge du secteur s’est encore érodé l’an dernier, dans la lignée d’une évolution entamée en 2007 et qui s’est intensifiée depuis 2017.
Ce ratio calculé par Ania d’après les données Insee est de 28 % en 2020, soit une baisse de 16 points entre 2007 et 2020 (soit -40 % en quatorze ans), dont - 7 points depuis 2017. Pour comparaison, le taux de marge dans le secteur manufacturier est de 32 % versus 36,2 % en 2007. L’évolution de cet indicateur reflète l’altération de la rentabilité du secteur et donc leur moindre capacité à innover, investir et moderniser les outils de production.
Et, en parallèle, l’investissement a en effet chuté de 5 % en 2020, un fait inédit depuis 2015. La conséquence de la grande incertitude provoquée par la crise sanitaire, mais aussi d’une déflation continue des prix des produits alimentaires (Lire ici) et de la hausse des matières premières. La période récente connaît un regain de tensions sur les matières premières alimentaires (+17 %), accompagné de fortes tensions sur les emballages plastique (près de +40 %), aluminium (+ 34 %), papier-carton (+ 50 %).
La revendication de l’Ania : renforcer le tarif fournisseurs
Une situation qui conduit l’Ania à mettre de nouveau en garde vis-à-vis de la proposition de loi Besson-Moreau qui préfigure une loi Egalim 2. Et en particulier sur la mesure consistant à sanctuariser le prix d’achat agricole. « De nouvelles obligations et contraintes excessives en matière de transparence des prix d’achat agricoles iraient à l’encontre de l’objectif recherché et feraient directement subir aux industriels alimentaires un désavantage concurrentiel substantiel. Les industriels pourraient être contraints de s’approvisionner à l’étranger voire de délocaliser leurs sites de production », indique la note. Avant de souligner la revendication clef de l’Ania : renforcer le tarif fournisseur. C’est-à-dire bâtir les négociations commerciales sur les conditions générales de vente et non sur le prix de l’année n-1.