La pression s’accroît sur le maillon industriel de la filière agroalimentaire quant à une réouverture des négociations commerciales. Dans une lettre adressée aux grands acteurs de la filière, le gouvernement a appelé industriels et distributeurs à se mettre autour de la table pour rouvrir les négociations commerciales. Un appel réitéré par la Première ministre, Elisabeth Borne, fin avril lors de l’annonce de la feuille de route gouvernementale. L’objectif : répercuter les baisses des matières premières et réduire l’inflation.
Le ministre de l’économie Bruno le Maire a convoqué les acteurs de la grande distribution le jeudi 11 mai. Une réunion est prévue le 17 mai avec les représentants de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (Ania) et de l’Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec) en présence de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, et d’Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme.
« Les industriels "feront leur part", tout en excluant une renégociation "généralisée". Il ne peut pas y avoir des renégociations sur tous les produits, car pour certains d’entre eux, les cours des matières premières nécessaires à la fabrication n'ont pas baissé sur les marchés mondiaux, une renégociation des prix de vente à la baisse n'était pas envisageable », a déclaré il y a quelques jours Jean-Philippe André à l’AFP.
95 % des ETI ont reçu des demandes de la part des distributeurs, selon l'Adepale
Dans une enquête menée auprès de ses adhérents, l’Adepale (Association des entreprises de produits alimentaires élaborés) souligne que depuis la fin des négociations commerciales le 1er mars, 95 % des ETI et plus de 50 % des PME ont reçu des demandes de renégociation de la part des distributeurs. « Des agissements qui s’inscrivent en totale contradiction avec les déclarations de presse de ces mêmes distributeurs se défendant de relancer des négociations commerciales avec les PME et les ETI. Pourtant, tous les dispositifs juridiques existent dans la loi Egalim2, à travers les clauses de révision et de renégociations, pour permettre de prendre en compte, à la hausse comme à la baisse, les variations de coûts des matières premières agricoles ou non agricoles », indique l’association. « Malgré les propos répétés sur les plateaux de télévision, la réalité est que la grande distribution continue de fragiliser encore plus nos PME et nos ETI de l’alimentation dans la période de grande faiblesse qu’a reconnu le gouvernement avec un plan de soutien historique lors du Salon de l’Agriculture. Nous demandons au gouvernement de poursuivre et renforcer son action en faveur de la souveraineté alimentaire et de la protection des PME et ETI, victimes d’un rapport de force structurellement déséquilibré avec la distribution », souligne Jérôme Foucault, président de l’Adepale.
+ 15 % pour les prix de l'alimentation en avril
De son côté, la Feef (Fédération des entreprises et des entrepreneurs de France) a estimé que les PME-ETI fournisseurs de la distribution n'ont absolument pas la capacité de réduire leur tarif. Aucune baisse n’est observée dans les coûts de transformation et de fabrication. Les prix d’achat des matières premières agricoles et industrielles se maintiennent à un niveau très élevé. L’énergie reste encore à date un point très problématique pour les entreprises. Autre argument évoqué, l’augmentation des salaires liée à l’évolution du SMIC (+ 9 % en un an). « Il ne serait pas responsable de demander aux entrepreneurs PME-ETI des territoires, attachés à l’approvisionnement local et au « Fabriqué en France », de baisser leur prix, de diminuer encore leur rentabilité et donc leur capacité à investir dans l’avenir et dans la transition écologique », explique Léonard Prunier, son président.
D’après les derniers chiffres de l’Insee, sur un an, les prix de l’alimentation ont augmenté de 15 % en avril 2023, après +15,9 % en mars, soit un ralentissement de l’inflation observée depuis plus d’un an.