Sur place ou à emporter ? La réponse à cette question pourrait prochainement avoir une toute autre portée ! Le 28 novembre dernier, la commission développement durable de l’Assemblée Nationale a adopté un amendement (CD1013), qui a reçu un avis favorable du gouvernement, précisant ceci : « obligation à partir de janvier 2023 pour les établissements de restauration à servir les repas et boissons consommés sur place dans des contenants réutilisables et non pas dans des emballages et avec des couverts à usage unique. Ce qui signifie que tout hamburger ou sandwich consommé sur place le serait dans une assiette en dur et avec des couverts réutilisables en métal. Pour le café, la tasse en porcelaine ferait son retour ! De quoi obliger les chaînes de restaurants, les boulangeries, les stations-services, etc., à s’équiper en lave-vaisselles.
Pas d'étude d'impact environnemental
«Cet amendement a été voté dans l’indifférence la plus totale et sans aucune concertation préalable, alors même que le bénéfice environnemental invoqué ne paraît pas réel. Les conséquences de cette décision sont multiples et menacent directement 400 emplois et plusieurs centaines de millions d’euros d’investissement en France », s’insurge David Schisler, président de la société éponyme spécialisée dans la fabrication d’emballages à usage unique. Comme deux de ses confrères implantés en France, Huhtamaki à La Rochelle (17) et Gault & Frémont à Saint-Pierre-des-Corps (37) qui ont signé ensemble un communiqué de presse, il a réalisé des investissements importants pour innover et proposer des alternatives en papier et carton recyclables.« Où est la cohérence ? Où est la vision stratégique portée par le gouvernement et les députés ? En moins de 18 mois, les pouvoirs publics nous ont demandé de mettre fin au plastique dans les emballages, d’investir en faveur d’alternatives recyclables en carton ou en papier pour au final décider de les interdire ! », ajoute-t-il.
Un changement de modèle pour les enseignes de restauration rapide
Aucune étude d’impact n’a été réalisée par les parlementaires. « Il faut plus de 350 utilisations pour que la porcelaine et le verre réemployables aient un avantage environnemental. Or, quid du nombre d’utilisations dans ces enseignes de restauration rapide où le poids du vol sera non négligeable. Comment gérer la rotation de la vaisselle aux pics de commandes ? Et comment, également, gérer le stock de vaisselle ?"
Ce changement modifierait également en profondeur le fonctionnement des restaurants qui composent directement leurs produits dans les emballages, qu’ils soient consommés sur place ou à emporter. L’équilibre économique de ces chaînes, le plus souvent positionnées sur des prix bas, repose sur une chaîne de production performante. Le retour vers un modèle de consommation à table plus traditionnel ne serait pas sans impact sur les coûts.
Reste désormais à savoir si cet amendement passera la semaine alors que l’examen en plénière de la loi promet de nombreux rebondissements ? Fin du suspense dans quelques heures ou quelques jours ...