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Sucre : contexte difficile pour le début de la campagne betteravière
La fin des quotas n’a finalement pas été une aubaine pour l’industrie du sucre française. En août, les prix mondiaux ont atteint leur plus bas niveau depuis dix ans, selon les indices de la FAO. Les stocks, déjà pléthoriques, vont continuer de se remplir avec les productions asiatiques et sud-américaines, notamment en Inde et au Brésil. En France, les coopératives comme Cristal Union ou Tereos avaient choisi d’étendre leur surface de betterave sucrière avant octobre 2017 (date de fin des quotas), renforçant encore l’excédent. Les prix (évoluant entre 23 et 28 €/tonne de betterave) ne risquent pas de repartir à la hausse, ce qui a de quoi inquiéter les producteurs.
En juin, Cristal Union a décidé de supprimer le prix minimum de la betterave dès la campagne 2018. Au même moment, la Confédération générale des producteurs de betteraves prenait à partie Südzucker en lui reprochant d’imposer un prix inéquitable et de faire peser par anticipation des perspectives de mauvais résultats en 2018/2019. De son côté, Tereos subit des dissensions internes. Fin juillet, 70 élus (sur 172) ont démissionné en bloc pour dénoncer « une gouvernance défaillante » et demander plus de transparence sur la gestion. En août, trois exploitants ont été exclus pour avoir contesté la stratégie financière de la coopérative.
De plus, la sécheresse risque de diminuer les rendements (estimation de 86t/ha selon Tereos, contre habituellement 90 t/ha). L’interdiction annoncée néonicotinoïdes et du glyphosate pourraient aussi signifier une baisse de compétitivité au niveau mondial pour les agriculteurs français.
La campagne, avec son démarrage prévu entre le 15 et 21 septembre, commence donc dans un contexte difficile. Chez Tereos comme chez Cristal Union, le développement du bio est envisagée. Ce dernier prévoit 145 hectares de betteraves conduits en bio en 2018, avec un objectif de 1 500 hectares 2019. Tereos a quant à lui inauguré des expérimentations en plein champ en attendant une production en 2019 sur le site d’Attin (62).
Pour les utilisateurs, la baisse des prix du sucre est bien sûr une bonne nouvelle dans un contexte de guerre des prix entre enseignes qui pèse sur l'industrie. La mise en culture de betterave sucrière bio à plus grande échelle devrait aussi permettre aux transformateurs d'avoir un sourcing local, une demande grandissante des consommateurs.