Produits laitiers
Maîtres Laitiers ouvre les portes de son usine à 114 millions d'euros
Le chantier de l'usine de produits laitiers de Méautis (50) lancé en novembre 2015 par les Maîtres Laitiers du Cotentin s'est terminé dans les temps en avril 2017. Malgré le respect de ce timing serré, les premières productions n'ont toutefois pu commencer avant fin juin. Un couac lié à l'attente des autorisations chinoises, qui a placé l'industriel en situation délicate pour débuter : « l'outil était prêt, les salariés étaient là mais nous avons dû attendre trois mois avant de pouvoir produire. Maintenant, tout est rentré dans l'ordre et Synutra, notre client pour ces briquettes de lait de 20 cl, suit fidèlement son programme de commandes, conformément au contrat que nous avons signé sur dix ans. Mais on peu d'ores et déjà évaluer que ce retard coûtera 3 millions de charges supplémentaires dans notre exercice en cours », a commenté Jean-François Fortin, directeur général du groupe, lors de l'inauguration du site de Méautis le 18 septembre, à la veille de l'assemblée générale des producteurs de la coopérative.
Il suffit de visiter ce site flambant neuf, qui a nécessité 114 millions d'euros d'investissements, pour constater qu'il ne fait que monter en puissance. En ce moment, les six lignes de lait UHT Tetra Pak installées sont opérationnelles. D'une capacité de 24 000 briquettes/heure, elles tournent toutes mais pas en même temps et produisent l'équivalent de 60 containers par semaine seulement, contre un objectif de 100 à 110 à terme, c'est à dire d'ici la fin d'année 2017. Et ce, pour respecter le contrat qui a été signé pour 690 millions de briquettes de 20 cl par an.
Le bâtiment de 35 000 m² a également été dimensionné pour du long terme. S'y installent en ce moment les lignes de production de beurre et de crème AOP d'Isigny de l'unité voisine de Tribéhou, propriété du groupe, qui est totalement transférée sur Méautis. Ce déménagement s'accompagne d'une automatisation du process de barattage et prochainement de conditionnement du beurre.
Exemples de briquettes de lait UHT blanc et de lait UHT infantile expédiées vers la Chine pour le compte de Synutra.
Place libre pour de futurs marchés
Par ailleurs, de grands espaces sont encore libres à l'intérieur des salles de préparation du lait et de conditionnement pour accueillir des lignes de futures productions : d'ultra-frais ? De briquettes UHT pour d'autres clients d'Amérique du Sud ou d'Afrique ? Tout reste ouvert. « Nous attendions déjà de voir si techniquement nous étions en mesure de fournir ces briquettes car nous étions jusque-là un industriel des produits frais, pas de l'UHT. Maintenant que nous sommes confortés sur ce point, j'ai déjà des contacts pour développer d'autres marchés, mais pas avec Synutra, avec d'autres partenaires », explique Jean-François Fortin. Actuellement, 100 personnes travaillent à Méautis. 200 sont attendues d'ici l'année prochaine.
A l'extérieur, une réserve foncière permet également d'envisager la construction d'un nouveau transstockeur et de quais de déchargement pour les produits frais. Il s'ajoutera à l'actuel transstockeur de 7500 palettes (fourni par Alstef), dont la moitié du volume sera prochainement occupé par les palettes de produits finis qui doivent être stockées pendant sept jours avant d'être expédiées en conteneurs pour la Chine. Une exigence de Synutra.
Un prix du lait de 347 € les mille litres
Comme à son habitude, la coopérative parie donc sur l'avenir avec cet outil dernier cri qui, à date, peut paraître surdimensionné. « Nous avons toujours réfléchi à long terme en envisageant les évolutions de marchés à venir dès la conception de nos outils de production », indique Jean-Marie Eustache, directeur industriel de MLC. Cette vision à moyen, voire long terme, va forcément peser dans les comptes de l'exercice en cours. L'exercice précédent, présenté en primeur aux coopérateurs lors de l'Assemblée Générale de la coopérative ce 19 septembre, affiche déjà un léger repli : 2,7 millions d'euros de résultat net, versus 13,2 millions en 2016. « Ceci est notamment dû aux investissements consentis sur Méautis mais aussi à la revalorisation du prix du lait payé à nos producteurs laitiers, explique Christophe Levavasseur, président de la coopérative. Nous avons réussi à assurer une moyenne de 347 € les mille litres sur le dernier exercice clos fin mars 2017, c'est au moins 30 euros de plus qu'au national. Et cela a représenté un effort de 10 millions d'euros pour la coopérative. »
Cette année encore, un effort sera maintenu pour rester au-dessus du prix de base. Mais l'équation va s'avérer délicate. De nouveaux débouchés, notamment pour l'usine de Méautis, seront les bienvenus. Maîtres Laitiers du Cotentin pourra, pour cela, compter sur sa filiale de distribution France Frais, qui représente déjà un quart de ses marchés en valeur et qui dispose d'un relais de 110 sociétés de distribution en restauration hors foyer (frais, sec et surgelé) à travers toute la France. Il écoule également d'ores et déjà une partie des volumes de l'entreprise YéO Frais à Toulouse entrée dans le giron de Maîtres Laitiers du Cotentin via sa holding Evoling en novembre 2016.
Le réseau France Frais en pleine croissance
Ce réseau France Frais, en pleine croissance, pèse 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires sur le total de 1,8 milliard d'euros du groupe. La coopérative regroupe 780 exploitations (totalisant 1215 producteurs) et a transformé 408 millions de litres de lait sur le précédent exercice, répartis sur les trois sites de la coopérative : Sottevast, Valognes et désormais Méautis. La fermeture de l'usine de Tribéhou sera effective dans les prochains mois.