Intralogistique
Carrefour fait rouler ses chariots élévateurs à l’hydrogène
La plate-forme logistique Carrefour de Vendin le Vieil dans le Pas-de-Calais a été retenue dans le cadre d’un projet pilote, réalisé en partenariat avec Still, PlugPower, Air Liquide et FCH JU. Celui-ci a consisté à déployer une flotte inédite de 137 chariots dotés de piles à combustible : 36 chariots à mât rétractable FM-X, 17 transpalettes à conducteur porté (EXU-S), 78 préparateurs de commandes à levée ergonomique (CX-S et six gerbeurs à double niveau (EXD‑S).
La plate-forme de 58 000 m² a été mise en service en janvier 2016. Elle approvisionne principalement 360 points de vente de l’enseigne . Elle comprend 11 cellules, fonctionne en deux postes et demi et gère entre 14 000 et 16 000 références.
Plus besoin de changer des batteries
Le groupe de distribution a choisi d’expérimenter ces chariots à hydrogène pour les avantages qu’ils présentent. D’abord, ils permettent d’éviter la pénibilité liée au chargement-déchargement de batteries plomb/acide classiques. Les conditions de travail des opérateurs s’en trouvent améliorées, même si, dans la plupart des cas, les batteries sont permutées à l’aide de système mécanisés ou semi-mécanisés.
10 ans de durée de vie
L’autre atout est, bien entendu, environnemental. « Il s’agit d’une solution hautement recyclable, qui ne comporte pas d’acides toxiques ni de polluants. La durée de vie supérieure de la pile à combustible (10 ans ou 25 000 heures) va également dans le sens d’une réduction du gaspillage et des déchets inutiles », argumente-t-on chez Still. « Il s’agit d’une technologie propre qui permet de réduire notre empreinte carbone » précise, pour sa part, Arnaud Torchy, directeur technique Site Nord de Carrefour. « Avec un peu plus d’une année de recul on peut estimer, aujourd’hui, que ce sont ainsi 30 tonnes de CO2 qui, chaque année, ne seront pas dégagées dans l’atmosphère », chiffre Alain Audegond, directeur du site.
Les performances d’une pile à combustible, elles, sont constantes durant tout le cycle de la batterie. Elle peut fonctionner 24h/24h. L’opérateur n’a qu’à faire le plein du réservoir, comme il le ferait dans une station-service classique pour son véhicule personnel. L’opération s’effectue en trois à quatre minutes. « La procédure de remplissage des machines est, bien entendu, très sécurisée et se déroule selon un processus très précis. Elle fait l’objet de rappels constants, lors des briefings sécurité. Chaque nouvel opérateur qui entre dans l’entrepôt doit obligatoirement suivre et valider une période de formation préalable », commente Hervé Lehut, responsable d’exploitation.
Rejet de vapeur
La pile à combustible est constituée de deux électrodes. L’anode est alimentée en hydrogène (H2), provenant d’un réservoir, tandis que la cathode est chargée en oxygène (O2) puisé dans l’air atmosphérique. Dans l’anode, les molécules d’hydrogène se dissocient en ions H+, qui diffusent dans l’électrolyte. Et en électrons qui sont contraints de circuler dans un circuit externe en créant, ainsi, un courant électrique continu. En parvenant au niveau de la cathode, les ions H+ se combinent avec l’oxygène pour produire de l’eau dégagée sous forme de vapeur. Mais aussi de la chaleur qui peut être récupérée. La station extérieure, construite sur la plate-forme de Carrefour fin 2017, stocke l’hydrogène à 200 bar et le comprime ensuite à 450 bar pour l’expédier, par différence de pression, vers l’un des trois postes de distribution.
Ce projet va permettre à Still (groupe Kion) de jauger la rentabilité d’une telle installation, subordonnée à l’évolution des coûts de la technologie. Pour ce faire, l’équipementier aimerait pouvoir compter sur la montée en puissance de la pile à combustible dans le secteur automobile.