Emballage

PET 100 % bio-sourcé : Danone et Nestlé Waters détaillent leur alliance

6 mars 2017 - Karine Ermenier

Le trio incarnant l'Alliance NaturAll Bottle se compose, de gauche à droite, de John Bissell, p-dg d'Origin Materials, de Klaus Hartwig, responsable de la R&D de Nestlé Waters et de Frédéric Jouin, responsable de la R&D des matériaux plastiques pour Danone.

Les deux géants et concurrents de l'eau, Danone et Nestlé Waters, se sont associés à la start-up américaine Origin Materials pour créer l'Alliance NaturALL Bottle. Son objectif est clair : lancer à grande échelle une bouteille en PET 100 % bio-sourcée dont les matériaux d'origine ne sont pas en concurrence avec l'alimentation humaine. Il s'agit, en l'occurrence, de PET issu de fibres cellulosiques de diverses origines, comme les cartons usagés ou la sciure de bois, voire, à terme, les pailles de riz. Les deux multinationales s'unissent dans ce projet pour frapper fort, aller vite et proposer une solution rentable qui puisse ensuite être adoptée par l'ensemble de l'industrie, sur le mode de l'Open Innovation.

"Nous avons été épatés par cette technologie"

C'est individuellement que Danone et Nestlé Waters ont, dans un premier temps, identifié le potentiel des travaux d'Origin Materials, qui a déjà produit des échantillons de bouteilles bio-sourcées à 80 % dans son laboratoire de Sacramento en Californie. "Nous avons repéré cette société à peu près en même temps il y a un an et demi, témoigne Frédéric Jouin, responsable de la R&D des matériaux plastiques pour Danone. Nous avons été épatés par cette technologie qui permet d'obtenir de l'acide téréphtalique (TPA) constitutif du PET à partir de déchets de cartons ! Comme Nestlé Waters et nous avons un intérêt commun à développer du PET biosourcé, nous avons décidé de nous allier pour accélérer le développement de cette technologie."

"La décision de construire une usine de démonstration industrielle sera prise d'ici deux mois"

Les étapes de développement à l'échelle de la paillasse (quelques grammes) et à l'échelle de pilote de quelques kilos ont déjà été validées. Pour monter en puissance et passer à l'étape 3 du processus, la décision de construire une unité de démonstration industrielle (Pioneer plant) va être prise dans les deux prochains mois. "Elle sera probablement localisée en Amérique du Nord et servira à démontrer que la technologie fonctionne et permet d'obtenir les mêmes résultats en process industriel", commente Frédéric Jouin. Les premiers volumes sont estimés à 5 000 tonnes, d'abord à 60 % bio-sourcés. Ce taux passera ensuite à 75 % dès 2020, avec commercialisation en points de vente. Cela impliquera la construction préalable d'une unité de production commerciale, cette-fois, dont la future localisation n'est pas encore déterminée. Elle tiendra toutefois compte de la proximité de la ressource en déchets de cartons et de paille de bois.

"Nous avons pour ambition d'atteindre 95 % de bio-sourcé dans notre PET d'ici 2022"

« Animés par une vision commune, nous avons pour ambition d'atteindre 95 % de bio-sourcé d'ici 2022. Nous poursuivrons alors les recherches pour augmenter les capacités de production et répondre à un objectif ultime de 100 % de matériaux bio-sourcés », indiquent les partenaires. « On ne trouve actuellement sur le marché que des produits dont la proportion bio-sourcée se limite à 30% », explique John Bissell, p-dg de Origin Materials. C'est le cas, notamment, de la Plant Bottle de Coca-Cola issue d'un procédé développé par Virent qui permet également d'obtenir du TPA bio-sourcé.

« Dans un futur très proche, toute l’industrie pourra bénéficier de notre innovation de rupture, respectueuse des ressources naturelles et bénéfique pour la planète », commente Klaus Hartwig, responsable de la R&D de Nestlé Waters.Le futur PET nouvelle génération aura les mêmes propriétés de légèreté, de transparence et de recyclabilité que l'actuel issu de ressources fossiles. « La valeur ajoutée de cette technologie est de faire appel exclusivement à de la biomasse dont l'origine n'entre pas en compétition avec les ressources destinées à l'alimentation », explique Frédéric Jouin.

"Ce PET NaturALL 100 % bio-sourcé n'annonce pas la mort du PEF, le polyéthylène furanoate"

De quoi se démarquer favorablement d'un autre projet mené en parallèle par Danone et Coca-Cola, entre autres, au sein du consortium Avantium. Ce dernier travaille sur le PEF, polyéthylène furanoate, qui utilise, pour le moment, des ressources telles que la canne à sucre, la betterave, le blé ou encore le maïs. Une seconde génération de PEF est déjà à l'étude, de façon, cette fois, à utiliser des déchets agricoles ou de papiers. Mais le PEF d'Avantium aura d'autres destinées que celles du PET biosourcé NaturALL. "Le PEF est un matériau nouveau, qui n'a aucun équivalent fossile, précise Frédéric Jouin. Il se destinera à d'autres applications, telles que les boissons gazeuses ou les produits sensibles à l'oxygène car il dispose de propriétés barrières vraiment intéressantes. Le PET NaturALL n'est donc pas l'annonce de la mort du PEF. Les deux seront complémentaires."

Retrouvez plus d'informations sur le futur PET bio-sourcé de Danone et Nestlé Waters dans notre numéro d'avril 2017.

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