En septembre et décembre 2019, la BBC et The Guardian ont publié des enquêtes visant l’approvisionnement de Ferrero pour ses Nutella, Kinder Bueno et Ferrero-Rocher. Les investigations ont révélé que les exploitations turques de noisettes emploient fréquemment des enfants de moins de 15 ans, migrants ou réfugiés. Selon ces médias, Ferrero achète la matière première issue de ces fermes tout en prônant une tolérance zéro sur le travail des enfants…
La situation est dénoncée par une pétition We Move EU. Selon l’ONG, les prix d’achats de la noisette turque sont trop bas pour rémunérer correctement les saisonniers qui les récoltent. Migrants et réfugiés insisteraient alors pour emmener leurs enfants travailler avec eux. Ce que toléreraient certaines exploitations turques, qui revendent ensuite les noisettes à différents intermédiaires qui fourniront Ferrero. La Turquie étant le principal fournisseur de noisette (70 % de la production mondiale), Ferrero est l’un de ses plus gros clients et a un fort poids de négociation. We Move EU demande donc que le groupe italien paye un prix plus équitable pour ses noisettes afin que les récolteurs touchent un salaire décent.
Des équipes envoyées sur le terrain
Ferrero a tenu à répondre à ces différentes attaques. Comme l’explique un des porte-paroles, « nous prenons la situation relatée par The Guardian très au sérieux. Suite à cette publication, notre équipe « Ferrero Farming Values », responsable de nos filières d’approvisionnement sur le terrain, est immédiatement entrée en relation avec les fournisseurs et partenaires locaux pour vérifier les conditions de travail au filtre de notre code de conduite. La situation va être examinée et les décisions nécessaires seront prises en fonction des résultats de cette enquête. »
Déjà conscient du problème depuis quelques mois, le groupe italien rappelle également que la filière noisettes est très fragmentée avec plus de 400 000 producteurs, et donc difficile à contrôler. « Il est important de noter que la complexité de la filière implique qu’elle ne peut être transformée par un seul et même acteur et qu’une coopération avec toutes les parties prenantes en place est absolument nécessaire pour adresser le problème du travail des enfants », ajoute le porte-parole. Ferrero a déclaré vouloir atteindre une traçabilité de 100 % de ses approvisionnements en 2020, mais l’entreprise n’a pour le moment atteint que 49 % de son objectif. En Turquie, le groupe italien possède un programme de développement durable depuis 2012, avec des partenariats, de la formation et de la sensibilisation des acteurs locaux. Les résultats de l’an dernier ne sont pas encore publiés, mais en 2018, 1022 enfants ont déjà été retirés ou prémunis d’une participation à la récolte des noisettes en Turquie.
En ce qui concerne l’augmentation des tarifs de la matière première prônée par We Move EU, la mesure n’a pas convaincu Ferrero. Le fabricant préfère acheter les noisettes selon les prix du marché, établis en Turquie par le Turkish Grain Board (Toprak Mahsulleri Ofisi). L’entreprise italienne a répondu à l’ONG que les prix ont d’ailleurs significativement augmenté cette saison et qu’en addition à ce prix préétabli, « Ferrero ajoute une prime pour les noisettes de haute qualité. Cette approche reflète notre engagement à soutenir le développement durable de la filière turque d’approvisionnement en noisettes ». Une position qui risque de ne pas convaincre ses détracteurs en attendant que Ferrero atteigne sa traçabilité totale.