C’est la dégringolade pour le marché bio. On le savait, la crise allait faire évoluer les habitudes de consommation. Mais la filière biologique en a quand même fait rudement les frais, tout comme les autres produits durables. Selon le baromètre 2023 de l’Agence Bio, 33 % des Français ont réduit leur consommation alimentaire en général et 29 % ont dépensé moins pour ce budget. Ces items sont en hausse de respectivement 15 et 11 % par rapport au dernier baromètre de 2021, en pleine crise Covid. 23 % des volontaires ont répondu avoir acheté davantage de bio (40 % en 2021), soit une baisse de 17 points en deux ans. Les achats de produits locaux et en circuits courts passent de 48 à 28 % et ceux de produits respectueux de l’environnement chutent de 28 à 15 %. Les produits avec labels sont aussi moins achetés (12 % en 2023, soit -8 points). Par contre, les répondants ont cherché à 46 % à limiter les pertes et le gaspillage (+6 points).
Ces résultats s’expliquent par le fait que 47 % des volontaires ont le sentiment d’être contraints de se restreindre sur les dépenses alimentaires à cause de raisons financières. 49 % disent avoir tendance à minimiser le budget au détriment de la qualité.
L'attractivité du bio en baisse
Dans ce contexte, l’attractivité du bio s’effondre. 60 % des Français indiquent avoir consommé des aliments bio au moins une fois par mois au cours des 12 derniers mois (-16 pts) et la proportion de personnes n’ayant pas consommé de bio a quasiment doublé depuis 2021, pour atteindre 17 % en 2022. De plus, la part d’acheteurs de bio sur une période d’un mois avant l’enquête a chuté de 17 points par rapport à 2021 et concerne 54 % des Français en 2022.
Sans surprise, le prix reste le 1er frein déclaré à l’achat d’aliment bio (pour 71 % des non-consommateurs). Malgré la crise, c’est un chiffre stable. Par contre, le second argument avancé est le doute sur le fait que les produits soient totalement bio. Cette défiance a largement augmenté, passant de 40 % en 2021 à 57 % dans le dernier baromètre. C’est là que le bât blesse : 61 % des Français estiment que le bio est avant tout du marketing et 59 % considèrent comme anormal l’écart de prix avec produit conventionnel. Les auteurs de l’étude avancent que « l’arrivée sur le marché des grandes marques de l’industrie agroalimentaire ou des marques distributeurs a certainement contribué à diluer la promesse initiale et à limiter la capacité de réassurance du bio ».