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Avis d’expert

PFAS : des avancées scientifiques intéressantes

Tous les mois, Audrey Rey, consultante en sécurité des aliments spécialisée en réglementation (Couleurs Qualité, Axel Groupe) scrute l’actualité et l’analyse avec son œil expert. En février 2025, elle revient sur la réglementation et les dernières avancées scientifiques concernant les PFAS.
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  • Modifié :
  • Auteur : Stéphanie PERRAUT
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Cela fait maintenant plusieurs années que nous entendons parler des substances per- et polyfluoroalkylées. Ces substances, plus communément appelées PFAS, sont une famille de plusieurs milliers de substances chimiques présentes dans de nombreux matériaux et qui finissent par s’accumuler dans notre environnement puisqu’ils font partie des polluants éternels, et par la même occasion des SVHC (Substances of Very Hight Concern).

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Audrey Rey, consultante en sécurité des aliments, Couleurs Qualité et Axel Groupe.
Au niveau réglementaire, les PFAS ont commencé à s’inscrire dans la législation européenne d’intérêt pour le secteur agroalimentaire avec le Règlement UE n°10/2011 qui donne des limites d’utilisation pour les sels d’ammonium du PFOA et l’acide perfluoropentanoique PFPoA. Nous avons ensuite la Décision UE 2015/633 du 20 avril 2015, qui a proposé l'inscription de l'acide perfluorooctanoïque et de ses composés à l'annexe A de la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants. 

Des avancées réglementaires significatives en 2022 et 2023

En 2022, nous avons pu observer une forme d’accélération avec la publication de trois textes européens et deux textes nationaux successifs :

  • La Recommandation UE 2022/1431  du 24 août 2022 qui met en avant la nécessité de surveillance de certaines substances perfluoroalkylées dans les denrées alimentaires en énumérant les substances prioritaires en agroalimentaire et en définissant des valeurs indicatives pour certaines catégories de produits alimentaires (fruits et légumes, champignons, lait, baby food). 

  • Le Règlement d’exécution UE 2022/1428 du 24 août 2022 qui donne des précisions en ce qui concerne les méthodes d’analyses à l’égard de ces nouveaux contaminants.

  • Le Règlement UE 2022/2388 du 7 décembre 2022 qui détermine des Teneurs Maximales pour les viandes, les produits de la mer et les œufs (ce texte mettait à jour les annexes du Règlement CE n°1881/2006 qui est abrogé et remplacé par le Règlement UE 2023/915 du 25 avril 2023 qui reste inchangé).

  • Les Arrêtés du 30 décembre 2022 (NOR : SPRP2221010A et NOR : SPRP2222078A ) qui viennent en transposition de la directive 2020/2184  pour établir une valeur maximale pour la somme des substances alkylées per et polyfluorées dans les eaux destinées à la consommation humaine.

Nous pouvons imaginer que la liste des matrices alimentaires à prendre en compte pour ce contaminant se complète d’ici les prochaines années compte tenu des évolutions des connaissances à l’égard des PFAS, notamment pour le lait, les fruits et les légumes.

Vers une priorisation des recherches 

En parallèle, nous observons de nombreuses études scientifiques. Nous comptons parmi elles les études de substitution de ces substances dans les utilisations industrielles, mais aussi l’étude des PFAS eux-mêmes. 

Nous pouvons citer deux d’entre elles :

  • Distinction des PFAS à chaine longue et courte . Une étude réalisée sur une personne volontaire a révélé la présence de 15 substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), y compris des composés à chaîne longue et à chaîne courte. Suite à cette analyse, il s’est avéré que les PFAS à chaîne longue (comme par exemple les PFOA et PFOS), ont des demi-vies de plusieurs années, ce qui entraîne une bioaccumulation chez l’être humain. D’autre part les PFAS à chaîne courte (comme par exemple les PFPeA, PFHxA) ont été éliminés plus rapidement car ils persistent moins longtemps dans l’organisme. Cette élimination se fait grâce aux processus rénaux et gastro-intestinaux, qui sont influencés par l’affinité de liaison spécifique de chaque composé aux transporteurs. Ces résultats sont cruciaux pour évaluer les risques liés aux PFAS, notamment en ce qui concerne la contamination des sources d’eau et d’aliments. Cette catégorisation va permettre de définir les priorités .

  • Avancées microbiologiques . D’autres études ont permis d’étudier de plus près la bactérie Labrys portucalensis F11 . Cette bactérie aérobie fait partie de la famille des Xanthobacteraceae et dispose d’un potentiel de dégradation intéressant puisqu’elle serait en mesure de dégrader les polluants éternels, et donc les PFAS . Elle dispose d’un potentiel lui permettant de défluorer et raccourcir des chaînes de PFAS comme le PFOS. Des résultats ont permis d’observer une dégradation du PFOS jusqu’à 96 % en 194 jours. Les travaux de recherche à l’égard de Labrys portucalensis F11 sont donc fondamentales et montrent donc la possibilité d’utiliser la microbiologie pour dégrader et donc éliminer certains contaminants chimiques.

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