Qualité

Des phtalates détectés dans les boissons alcoolisées

30 mai 2016 - Marjolaine Cérou

Quinze des dix-huit échantillons de vin contenaient du phtalate de dibutyle (DBP). Du phtalate de benzylbutyle (BBP) a été retrouvé dans six d'entre eux.

Suite à la mise en évidence de la présence de phtalates dans des vins et des spiritueux, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a lancé en 2013 une enquête sur la contamination de ces boissons par les phtalates provenant des matériaux en contact avec des denrées alimentaires. Les contrôles ont été réalisés au stade de la production sur des vins et spiritueux, mais aussi sur des softs (jus de fruits, sodas…) ainsi qu'au niveau des fabricants de matériaux destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires (cuves, tuyaux récipients, etc.).

Au total, 70 prélèvements ont été réalisés dans 82 établissements. Quatre types de phtalates ont été majoritairement identifiés :

  • phtalate de dibutyle (DBP)
  • phtalate de benzylbutyle(BBP)
  • phtalate de di-2-éthyl-hexyle (DEHP)
  • phtalate de di-isononyle (DINP)
  • phtalate de di-isodécyle (DIDP)

Les enquêteurs ont mis en exergue un bilan mitigé de la prise en compte du risque phtalate par les professionnels. Dans le secteur des vins et spiritueux, seules les grandes entreprises identifient ce risque dans leur démarche HACCP. Dans les autres, le risque n'est pas identifié ou sa prise en compte est récente.

Concernant les spiritueux, 17 échantillons sur les dix-neuf analysés contenaient du DBP et du DEHP. Les analyses ont révélé que sept d'entre eux présentaient une teneur supérieure à la limite maximale de migration spécifique (LMS). Douze échantillons contenaient également du DINP.
Du côté des vins, quinze des dix-huit échantillons contenaient du DBP (dont deux avec une teneur supérieure à la LMS) et six du BBP.
Dans le secteur du cidre, de faibles quantités en DBP ont été mises en exergue dans trois des six échantillons analysés.

Enfin, aucun phtalate n'a été détecté dans les échantillons de boissons sans alcool et les bières.A noter qu'aucune des boissons n'a été considérée comme impropre à la consommation, une teneur maximale en phtalate n'ayant pas été déterminée.

Du côté des matériaux cette fois-ci, l'analyse a mis en évidence la présence de DBP et de DEHP dans un tuyau en matière plastique souple. Celui-ci a été déclaré non-conforme, l'emploi de ces deux substances étant interdit dans les matériaux et objets en matières plastiques au contact des aliments d'après le règlement UE n°10/2011.

Rappelons qu'il n’existe à ce jour aucune teneur maximale fixée pour les phtalates dans les denrées alimentaires, y compris pour les vins et spiritueux. Le caractère impropre à la consommation des boissons a dès lors été déterminé sur la base d’une analyse des risques, réalisée lorsque les teneurs mesurées dans l’aliment dépassaient la limite de migration spécifique (LMS) établie pour un phtalate dans la réglementation des matériaux destinés au contact des denrées alimentaires. Du côté de la réglementation, l'article 5 du règlement (CE) n°852/2004 demande aux fabricants de mettre en place une analyse des risques sur la base d'une étude HACCP. Les matériaux destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires doivent respecter le principe d'inertie de l'article 3 du règlement CE n°1935/2004.

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