Qualité

OGM : beaucoup de bruit pour rien ?

25 septembre 2012 - Anne-Katell Mousset

L’étude « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize » est la première qui met en cause les dangers du maïs NK603 (Crédits : andreamuscatello - Fotolia.com)

Rarement une étude scientifique n’aura fait autant de bruit. Et il faut avouer que les chercheurs à l’origine de « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize » ont réussi leur campagne de médiatisation. A l’image des ouvrages parus en cette rentrée littéraire, les scientifiques ont tout d’abord fourni leurs travaux à un petit nombre de journalistes sous couvert d’embargo, avec l’interdiction formelle de communiquer l’étude à d’autres scientifiques avant d’écrire leurs articles. Résultat : une couverture du Nouvel Observateur au titre accrocheur : « Oui, les OGM sont des poisons ! » et l’emballement médiatique qui a suivi.

Dans le milieu scientifique, il est peu courant de procéder ainsi. La relecture et la critique par les pairs est à la base de la démarche de tout scientifique, comme l'explique le journaliste Sylvestre Huet de Libération dans L'article "Les rats, les OGM et l'opération de communication".

"De très sérieuses lacunes"

Sur le plan scientifique, cette étude est intéressante puisqu'elle a permis de rechercher les effets d’un OGM sur le long terme (2 ans quand un rat vit en moyenne 2,5 à 3 ans) avec un financement indépendant. Pourtant, les critiques sont vives. Comme Gerard Pascal interrogé dans Le Monde qui souligne que l'étude présente de "très sérieuses lacunes, qui invalident ses résultats". En tête, le trop petit nombre d’animaux qui empêche tout traitement statistique sérieux des données. En témoigne d’ailleurs l’absence de réactions « dose-effet » permettant de renforcer leur conclusion.

Le professeur Gérard Pascal en décembre 2011 était co-auteur d’ un article scientifique paru dans Food and Chemical Toxicology compilant justement toutes les études portant sur les tests OGM à long terme. On y découvre que l'étude de Gilles-Eric Séralini n'est pas la seule sur le long terme, contrairement à ce qu'il revendique. Gérard Pascal fait lui-même la critique de la trop courte durée des études : « les études 90 jours ne sont pas adaptées à la détection des effets sur la reproduction ou le développement » et « elles peuvent être insuffisantes pour révéler la présence d’effets tardifs sur les animaux ».

D'autres études à long terme ont conclu à l’innocuité des OGM

Dans cet article, il fait la liste d’autres études conduites à long terme comme celle de Haryu et al. (2009) qui a étudié l’impact du maïs Bt11 sur plusieurs générations de souris (1072 jours), ou encore Sakamato et al (2008) qui se penche sur l’effet du soja OGM durant 104 semaines sur des rats.

L'article de 2011 analysant toutes ces analyses conclut à l’innocuité des OGM. Il souligne aussi le besoin d’harmonisation des études scientifiques afin de pouvoir comparer ce qui est comparable. Les chercheurs avaient également pris le temps de repérer « des défauts majeurs dans certains papiers soulignant le besoin urgent d'améliorer le processus d'examen avant la publication de documents traitant de ce sujet. Cela permettrait d'éviter que la confusion se répande dans la presse généraliste, qui peut ne pas être en mesure de juger de la qualité réelle des publications ». Un an plus tard, cette conclusion semble toujours d'actualité.

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