La Première ministre, Elisabeth Borne, avait annoncé lors du Salon international de l’Agriculture, le 27 février dernier, un chantier de planification écologique sur les produits phytopharmaceutiques et l’adaptation des techniques de protection des cultures. Ces travaux ont été lancés le 2 mai 2023 par le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau ; la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau ; le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu et la ministre déléguée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo. Ils visent à anticiper le retrait des substances actives les plus préoccupantes et à renforcer la mobilisation des acteurs concernés pour élargir la palette de solutions à mettre à la disposition des agriculteurs pour leur permettre de préserver un bon niveau de protection des cultures.
En phase avec le calendrier européen
Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a mis en place des groupes de travail pour chacune des sept filières identifiées : « grandes cultures » (céréales, oléoprotéagineux, betterave à sucre, pommes de terre), « fruits et légumes », « plantes à parfum aromatiques et médicinales », « vigne », « horticulture », « semences », « cultures ultra-marines » et « cultures biologiques ». Ces groupes, pilotés par la direction générale de l’alimentation (DGAL), permettront de recenser les problèmes existants à court, moyen et long termes. Il s’agit dans un premier temps de partager avec les filières le calendrier européen de retrait des substances actives. L’enjeu sera ensuite de cibler les usages les plus menacés, d’identifier l’éventail des alternatives disponibles et dont l’efficacité est reconnue, d’analyser leur degré de maturité, de les déployer et, pour certaines d’entre elles, d’intensifier les actions de recherche et d’innovation, notamment dans le cadre de France 2030.
Sécurité des aliments et préservation de l’environnement
Ils associeront les instituts techniques et les interprofessions concernées, des spécialistes de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) et de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), et des experts de la DGAL pour que les filières soient en mesure de proposer aux exploitants des techniques alternatives chimiques et non chimiques aux substances actives menacées. Le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) apportera son expertise et son appui à ces groupes de travail.
Le 21 mars dernier, l’Inrae a présenté les résultats de l’étude prospective « Agriculture européenne sans pesticides chimiques à l’horizon 2050 ». Durant plus de deux ans, une centaine d’experts a exploré trois scénarios d’évolution du système agricole et alimentaire. Cet exercice inédit de narratifs est adossé pour chaque scénario à la mesure des impacts sur la souveraineté alimentaire européenne et l’environnement.
6,25 millions d’euros pour le plan Ecophyto II+
C’est une nouvelle approche par filière que le gouvernement entend mettre en place, basée sur davantage d'anticipation des retraits de certaines substances et d'innovation, ainsi que sur un accompagnement plus étroit des agriculteurs. L’objectif : favoriser un changement de pratiques. Le plan d’action présenté le 2 mai est la première composante du plan Ecophyto 2030, annoncée par la Première ministre, qui devrait être finalisé pour la rentrée 2023.
En parallèle, un appel à projets d’un montant de 6,25 millions d’euros est lancé, dans le cadre du Plan Ecophyto II + : il ciblera en priorité des projets proposant le développement d’alternatives non chimiques à l’utilisation d’herbicides en lien avec les priorités identifiées par les filières.