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Contaminants

Tous les laits animaux et 83 % des laits infantiles contiennent du dioxyde de titane

Une étude menée par l'Inrae, l'AP-HP et le CNRS met en évidence la persistance d'une contamination malgré l'interdiction de l'E171.
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  • Auteur : Stéphanie Perraut
Newborn baby wrapped in the warmth of mother's arms, drinking milk formula contentedly - Mother's love during bottle feeding evi

crédit : SDF_QWE - stock.adobe.com

100 % des laits animaux et 83 % des laits infantiles analysés contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane (TiO₂). C'est le constat d'une équipe qui a associé Inrae, l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), le CNRS (Centre national de recherche scientifique) et le Synchrotron Soleil. Ces résultats interviennent alors que l'additif alimentaire E171, longtemps utilisé comme colorant, est interdit dans l'Union européenne depuis 2022, et en France depuis janvier 2020.

Jusqu'à 3,9 milliards de particules par litre de lait infantile

Les chercheurs ont étudié plusieurs laits d'animaux (frais ou en poudre, de vache, d'ânesse ou de chèvre, issus de l'agriculture conventionnelle ou biologique) et des laits infantiles du commerce (du 1er au 3e âge, issus de l'agriculture biologique ou conventionnelle), choisis comme modèle car ils constituent le reflet de l'alimentation maternelle et la principale source de nutrition des nouveau-nés. Le recours à des techniques avancées de spectrométrie et de caractérisation de haute résolution, notamment grâce au synchrotron, a permis de confirmer la présence de ces particules. Des comptages ont été réalisés : entre 6 millions et 3,9 milliards de particules de dioxyde de titane ont été détectées par litre de lait infantile et de 16 à 348 millions de particules par litre dans les laits animaux. 

Dans les laits maternels de dix femmes volontaires vivant à Paris ou en proche banlieue, des particules de dioxyde de titane ont aussi été identifiées, avec des taux variables pouvant aller jusqu'à quinze fois plus chez certaines femmes que chez d'autres. La molécule peut donc franchir la barrière de la glande mammaire. L'équipe a par ailleurs démontré une part importante de nanoparticules de dioxyde de titane, dont les propriétés physico-chimiques génèrent des interactions spécifiques avec les tissus et les organes humains. 

Un effet cocktail à évaluer

La caractérisation réalisée dans cette étude (taille, pourcentage de moins de 100 nm, type de minéraux, forme cristalline) servira de base à de futurs travaux destinés à évaluer la toxicité des cocktails de particules identifiées selon l'espèce et le type de lait.

Les résultats révèlent également que la contamination concerne non seulement les nourrissons, mais aussi les mères et les adultes. De précédents travaux avaient déjà démontré la présence de nanoparticules de dioxyde de titane dans le placenta lorsque l'exposition avait lieu pendant la grossesse. La nouvelle étude s'inscrit dans cette continuité et montre que l'exposition se poursuit après la naissance, avec une détection dans les laits maternels et animaux malgré l'interdiction de l'E171 dans l'alimentation. Cela suppose l'existence d'autres sources de contamination que la seule voie alimentaire. 

Une exposition autre qu'alimentaire

Les chercheurs soulignent donc l'importance de poursuivre la surveillance des ingrédients et des autres sources possibles d'exposition, comme les cosmétiques et les médicaments. Des nanoparticules de dioxyde de titane ont aussi été détectées dans les eaux de surfaces (dont celles utilisées pour produire de l'eau potable), les nappes phréatiques, l'air et les sols, où elles rejoignent celles qui sont relarguées par l'activité industrielle, l'érosion des peintures et vernis ou encore les engrais. De prochains travaux auprès de femmes vivant en région parisienne, où les taux d'exposition sont réputés plus élevés, permettront également d'examiner l'impact des habitudes alimentaires, de l'usage de cosmétiques, de médicaments et d'autres produits contenant du dioxyde de titane sur le niveau d'exposition.

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