Après l’annonce le 10 mai de l’identification de cas de Covid-19 au sein de l’entreprise Arrivé (Maître Coq) à Essarts-en-Bocage (85), l’ARS Pays de la Loire s’est voulue rassurante. Suite aux campagnes de dépistage menée les 9 et 11 mai, 11 personnes ont été testées positives au Covid-19 sur un total de 675 personnes ayant travaillé sur le site volailler. « Le taux de cas confirmés est conforme au taux observé dans cette région et plus particulièrement en Vendée, département peu touché par le Covid-19. Il s’agit d’un regroupement de cas : à ce stade, aucune chaîne de transmission n’a été établie dans l’entreprise », a indiqué le 12 mai l’ARS Pays de la Loire.
La situation est sensiblement différente pour l’entreprise bretonne Kermené (E. Leclerc) à Saint-Gilles-du-Mené (22). Un signalement par le centre hospitalier de Saint-Brieuc, suite au cas d’un salarié testé positif le mercredi 13 mai, a déclenché une campagne de dépistage mise en œuvre le 15 mai. L’opération a été menée sur le secteur « circonscrit » de la découpe de porc. Sur les 209 salariés testés, ayant travaillé sur le site depuis le 23 avril, 63 cas positifs ont été identifiés au total. Une nouvelle campagne va être effectuée le mardi 19 mai sur les salariés qui étaient absents.
Kermené fait donc partie des 25 nouveaux clusters identifiés en France depuis la fin du déconfinement. Tout comme l’entreprise Tradival à Fleury-les-Aubrais (45), spécialisée dans l'abattage, la découpe et la transformation de porc. Suite à un signalement effectué via l’application Contact Covid, une investigation a été lancée le 15 mai. En plus d’une douzaine de cas initiaux, les tests réalisés sur 84 salariés ont permis d’identifier 22 cas supplémentaires. Soit 34 personnes atteintes du Covid-19. Le dépistage de l’ensemble des salariés (160 au total) sera effectué dans les prochains jours. En attendant, la préfecture a décidé de fermer l’entreprise afin de procéder à une désinfection complète des locaux.
Des investigations en cours
L’identification de cette succession de foyers est la conséquence directe de la stratégie tester-tracer-isoler mise en œuvre par les autorités dans l’optique d’identifier les chaînes de transmission. Un levier clef pour limiter la propagation de l’épidémie.
Les entreprises concernées assurent avoir adapté leurs organisations dès le début du confinement. Les ARS des régions concernées mènent des investigations afin de comprendre ce qui s’est passé. Des études qui seront riches d’enseignement alors que d’autres entreprises du secteur carné en Allemagne et aux États-Unis ont vécu des situations similaires. L’ARS Centre Val de Loire annonce vouloir examiner les conditions dans lesquelles les salariés ont pu « se retrouver ensemble, y compris en dehors des chaînes de production ». Ce qui demande d’intégrer la question des locaux sociaux, des vestiaires en particulier, mais aussi des conditions de vie hors de l’entreprise, par exemple de l’hébergement de certains salariés. Les experts en hygiène alimentaire pointent également le rôle potentiel d’une contamination aéroportée liée aux aérosols dispersés par les nettoyages à haute pression.