Quels sont les premiers impacts de la crise sur l’activité du groupe ?
Nous avons perdu entre 5 et 6 % de chiffre d’affaires en mars. Ce n’est pas significatif car seule la deuxième quinzaine était concernée. Notre crainte est pour avril, le premier mois complet avec une baisse d’activité [NDLR : interview réalisée le 14 avril]. Le groupe coopératif Agrial sort d’une bonne année 2019. Nous restons humbles, mais nous sommes solides au niveau financier, du fait de notre gestion en bon père de famille. Être multispécialiste s’avère être un atout considérable pour faire face à cette crise. Tout l’enjeu aujourd’hui est d’ajuster le dispositif pour limiter les contreparties négatives. Cela passe par des mesures de chômage partiel, la diminution des charges fixes et la limitation des investissements. Les travaux engagés seront honorés. Mais nous réinterrogeons tous les autres. Nous sommes en train de revoir tous les dispositifs. Il faut réduire la voilure pour passer la tempête.
Que vous inspire la parole présidentielle de rebâtir une indépendance agricole et industrielle ?
Nous allons tous sortir différents de cette crise. Les consommateurs ont découvert les circuits courts, les achats à la ferme. Ils achètent davantage en drive. Il en restera quelque chose. Il y aura un besoin de proximité plus fort. Cela veut dire être capable de produire l’essentiel de nos produits au plus près des consommateurs. Il faut établir plus de lien entre les producteurs et les consommateurs. C’est que nous faisons avec la marque Les 300&bio. Notre statut coopératif est une chance, car nous avons les producteurs avec nous.
Et à l’international ?
Pour répondre à ce besoin de proximité, notre stratégie est d’être multi-local. En Angleterre, nous produisons des légumes anglais que nous vendons aux consommateurs anglais. C’est le même modèle en Espagne. Il y aura peut-être moins d’exportations de produits finis demain. Mais toujours autant sur les matières premières et les commodités. Il y aura toujours du sens à exporter des céréales vers des continents qui en ont besoin.