Etats généraux : "Ne tombons pas dans le piège de l'exemplarité"

10 juillet 2017 - Pierre Christen

Interrogé par Process Alimentaire sur les Etats Généraux de l’Alimentation lors de l’assemblée générale de l’Aria Ile-de-France le 5 juillet dernier, Jean-Philippe Girard, président de l’Ania a affirmé son enthousiasme et sa prudence : « ces Etats Généraux vont permettre de parler alimentation, ce qui est positif. Mais cela peut aussi être un piège. Car on peut sortir avec plus de contraintes que de projets.» Photo : Yann Cainjo.

Initialement prévu cette semaine, le lancement des Etats Généraux de l'Alimentation ne devrait intervenir que la semaine prochaine, probablement autour du 20 juillet. De quoi laisser le temps à Stéphane Travers, qui pilote l'événement, de poursuivre les entretiens préparatoires. Par exemple, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation a rencontré ce lundi 10 juillet Stéphanie Pageot (directrice de la FNAB) et François Eyraud (dg de Danone Produits Frais) et reçoit Jean-Yves Foucault (président de Limagrain) mardi 11 juillet.

La LME remise en question

Le ton donné à l'événement ne varie pas. Le Premier Ministre l'a rappelé lors de son discours de politique générale, le 4 juillet : « Les agriculteurs français [...] veulent vivre de leur travail, de leur terre et de leurs compétences. Les Etats Généraux de l’Alimentation reverront le partage de la valeur dans le modèle agricole : il n’est pas admissible que des agriculteurs ne puissent pas se verser un revenu décent et vivent sous le seuil de pauvreté ».

Ce premier chantier de la création et de la répartition de valeur va s'organiser autour de huit ateliers, avec une date de restitution prévue en octobre 2017. L'enjeu est que les conclusions de ces travaux puissent être applicables lors des négociations commerciales 2017/2018.

Interrogé par nos soins lors de l'assemblée générale de l'Aria Île-de-France sur ce que sera la position de l'Ania vis-à-vis de la LME, Jean-Philippe Girard répond que la priorité est de demander son application. « Ce qui nous a pénalisé, c'est l'absence de respect de la loi, répond-il. La guerre des prix entre enseignes détruit 1 milliard d'euros par an et le consommateur ne s'en aperçoit pas. Nous demanderons une simplification de la loi puis une évolution de la loi ».

Le risque de contraintes supplémentaires

L'autre grand chantier des Etats Généraux de l'Alimentation est intitulé « alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous ». Lui devrait s'achever fin novembre 2017. Là aussi, Edouard Philippe a donné le ton lors de son discours de politique générale. « Ces Etats Généraux devront conforter notre confiance en une alimentation plus saine, penser et construire nos modèles futurs, notamment en examinant sans faux-semblants la question des pesticides ou des perturbateurs endocriniens ».

Un chantier sur lequel veulent peser Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire et Agnès Buzin, ministre des solidarités et de la Santé. Ce qui fait dire à Jean-Philippe Girard : « ces Etats Généraux vont permettre de parler alimentation, ce qui est positif. Mais cela peut aussi être un piège. Car on peut sortir avec plus de contraintes que de projets ». C'est pourquoi il annonce qu'un chef d'entreprise agroalimentaire sera présent à chaque atelier. Et que le mot d'ordre sera de parler d'Europe. « Il faut dire stop aux taxes franco-françaises et à la surtransposition systématique. Ne tombons pas dans l'exemplarité, comme je l'ai entendu. Car cette exemplarité, ce qu'elle veut dire, c'est de nouvelles contraintes que les autres auront plus tard. Il ne faut pas que l'on accepte cela », affirme-t-il.

Jean-Philippe Girard a l'avantage de bien connaître Emmanuel Macron, une proximité née lorsque l'ancien Ministre de l'Economie lui a confié le pilotage du programme Solution Alimentaire Intelligente. Le président de l'Ania a fait passer plusieurs messages au Président de la République. Le premier est celui de la restauration de la confiance entre les acteurs. « Sans cela, on ne s'en sortira pas. Si aujourd'hui un client sait que la matière première augmente, je pense au beurre, et qu'il refuse des augmentations ou en accepte des partielles, il condamne son fournisseur », illustre-t-il.

Ne pas opposer les modèles

Il a également insisté sur la nécessité de ne pas opposer les modèles (bio contre conventionnel, artisanat contre industrie, etc.). « On va beaucoup évoquer l'amont agricole, dont une partie est en difficulté. Mais nous aborderons aussi la problématique de la modernisation de l'agriculture pour la rendre plus compétitive et plus qualitative », ajoute-t-il.

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