Cela s’appelle se faire coiffer sur le poteau. En lançant son Franco-Score, Intermarché pensait légitimement préempter le terrain de l’indication de l’origine. D’autant que le design choisi est particulièrement impactant, clair et lisible, et mettant en valeur le « made in France ». Pour rappel, ce nouvel étiquetage sera apposé au 1er semestre 2020 sur les produits à marque Monique Ranou et Pâturages. Mais c’est bien dès le 1er janvier que l’enseigne E.Leclerc va s’engager concrètement au service de l’information sur l’origine. Et ainsi prendre les devants. Michel-Edouard Leclerc l’a annoncé le 27 novembre dernier sur son blog.
Un accélérateur du "made in France"
A partir de janvier, l’enseigne va apposer sur toutes ses MDD (Marque Repère, Nos régions ont du Talent, L’origine du goût et Tradizioni d’Italia) l’origine géographique des principaux ingrédients. Progressivement, 8 000 références indiqueront désormais des mentions du type « viande française », « blé d’Allemagne » ou « noisette de Turquie » plutôt que les mentions englobantes du type « origine UE » ou « origine des divers pays de l’UE ». Scamark va définir avec ses fournisseurs d’aliments élaborés une liste précise des pays dans lesquels s’approvisionner. Parallèlement, l’origine des principaux ingrédients et le lieu de fabrication seront disponibles sur le site Internet de Marque Repère et sur les drives E. Leclerc.
Après une fin d’année marquée par l’essor du Nutri-Score, cette nouvelle initiative place résolument le début 2020 sous le signe du made in France. « Ça n’a l’air de rien, mais c’est un énorme chantier pour les équipes Scamark qui créent ces gammes pour E. Leclerc. Non seulement ces initiatives bouleversent les codes marketing usuels, mais elles vont constituer un formidable booster pour améliorer les cahiers des charges et mieux maîtriser les pratiques d’approvisionnement », affirme Michel-Edouard Leclerc. D’ailleurs, le distributeur ne cache pas son intention de placer les grandes marques face à leurs responsabilités. « Nos acheteurs vont demander aux industriels d’indiquer eux-aussi plus précisément l’origine des produits », précise-t-il.
Silence radio
Du côté des autres enseignes, les réactions se font attendre, mis à part Système U, dont le président Dominique Schelcher vante opportunément sur son profil Linkedin le lancement d’une gamme complète made in France. « Cocorico ! Nos ketchups aux tomates de France viennent d'arriver en rayon ! », précise-t-il.
Silence radio aussi du côté des syndicats agricoles, pourtant si prompts à se réjouir de toute évolution liée au « made in France ». Enfin l’Ania nous confie préparer une réaction. Mais l’association porte-parole de l’industrie alimentaire préfère attendre et choisir un moment opportun pour tenter de reprendre la main sur ce sujet éminemment stratégique.