Fipronil : les distributeurs mettent la pression sur leurs fournisseurs belges et néerlandais

16 août 2017 - Pierre Christen

L’enjeu est de répondre à l’attente de transparence des consommateurs.

D’après la FCD (Fédération du Commerce et de la Distribution), les distributeurs français mettent la pression sur des fournisseurs d’ovoproduits et de produits transformés, visant – sans les nommer – certains industriels belges et néerlandais, pour lesquels ils déplorent « le manque de diligence » pour fournir des garanties sur l’absence de fipronil.

Les distributeurs indiquent avoir dès le début de la crise interrogé leurs fournisseurs. Dès lors qu’un risque de contamination au fipronil a été identifié, les produits transformés contenant des œufs ont été retirés de la vente ou du stockage.

Ce coup de pression intervient après un changement de braquet dans la communication du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, qui a annoncé la publication prochaine des lots de produits contaminés qui ont été retirés. L’administration a pour l’instant éviter de jeter des noms d’entreprise en pâture, afin d’éviter les amalgames, « en soutien des entreprises françaises victimes de pratiques frauduleuses », a précisé Stéphane Travers. Face à la pression des associations de consommateurs, le ministre a indiqué vouloir mettre à disposition des consommateurs toutes les informations disponibles. Elles sont pour l’instant délivrées au compte-goutte, signe que les systèmes de traçabilité des entreprises impliquées aux Pays Bas et en Belgique manquent de célérité.

Un bilan partiel

A l’heure actuelle, les investigations en France ont montré à ce jour qu’aucun élevage de volaille n’a utilisé l’antiparasitaire frauduleux. En revanche, le ministère a confirmé que cinq fabricants d’ovoproduits ont réceptionné des œufs contaminés. Ce qui implique qu’un nombre significatif d’industriels ont pu utiliser des ovoproduits contaminés. De plus, deux industriels, l’un en Moselle, l’autre en Vendée, ont reçu directement des ovoproduits contaminés en provenance de Belgique.

Enfin, l’enquête a fait apparaître que deux centres de conditionnement d’oeufs, situés dans le Nord et la Somme, ont reçu des œufs coquille contaminés en provenance des Pays-Bas et de Belgique. Un premier lot de 196 00 œufs a même été mis sur le marché entre le 16 avril et le 2 mai. Des œufs aujourd’hui consommés. Un second lot en provenance des Pays-Bas (48 000 œufs) a été mis en vente entre le 19 et le 28 juillet par l’enseigne Leader Price, qui a procédé au retrait des œufs encore en rayon.

Un risque sanitaire très faible

Si l’enjeu du moment est de répondre à l’attente de transparence des consommateurs, la problématique sanitaire s’est de son côté dégonflée.

Dans son avis publié le 11 août, l’Anses affirme que, compte-tenu des concentrations de fipronil observées à ce jour dans les produits contaminés, le risque de survenue d’effets sanitaires apparaît très faible.

Il s'agit en l'occurrence de risques neurotoxiques, en particulier de convulsions. Or, d'après la littérature scientifique, ce type d’effet n’a pas été observé dans les cas d’ingestion directe accidentelle. Des niveaux de dose de l’ordre de dix fois la dose de référence aiguë n’ont conduit qu’à des symptômes bénins et réversibles. L’Agence a identifié la quantité maximale d’œufs pouvant être consommée en une seule fois sans s’exposer à un risque aigu. Elle va de un œuf par jour pour les enfants de 1 à 3 ans à dix par jour pour un adulte.

Suite à l’avis de l’Anses, l’interprofession française des œufs a réaffirmé que les œufs d’origine française peuvent être consommés en toute sécurité.

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