Vie des IAA
La filière Roquefort vent debout contre le Nutri-Score
Le Nutri-Score n’a pas que des défenseurs en France. Le logo nutritionnel avait déjà fait réagir l’Irqualim et les producteurs de Roquefort en juin dernier, mais la filière AOP Roquefort poursuit sa communication avec un nouveau manifeste. En effet, le Roquefort, comme la majorité des fromages sous signe de qualité, obtient une mauvaise note au Nutri-Score à cause de sa composition nutritionnelle. Les représentants de la filière ont fait appel au ministre de l’Agriculture pour que les AOP et IGP soient exemptées du logo nutritionnel, qui pourrait devenir obligatoire au niveau européen en 2022.
« Nous demandons, non pas comme une faveur, mais bel et bien au nom du bon sens et du respect de notre patrimoine commun, d’exempter le Roquefort de toutes formes de Nutri-Score. Cet étiquetage n’a de sens que pour les produits très transformés. Il est inapproprié aux aliments sous Indications Géographiques, très peu transformés et pour lesquels un cahier des charges interdit l’évolution de la recette traditionnelle », explique la Confédération Générale de Roquefort.
Elle poursuit : « Le Nutri-Score, en s’imposant comme la norme du bon et du mauvais, s’apprête donc à favoriser le développement de produits très transformés que l’industrie agro-alimentaire pourra modifier à souhait pour obtenir un A ou un B. Elle n’aura qu’à recourir à des additifs, des édulcorants, des conservateurs ou autres procédés de transformation complexes pour atteindre une bonne note et séduire les consommateurs. Le Nutri-Score deviendra alors un outil marketing puissant favorisant des produits aux qualités nutritionnelles parfois discutables ».
"Une réglementation illisible reposant sur un algorithme tronqué"
Le manifeste publié en octobre conclut que la filière Roquefort (soit 3500 éleveurs et 2000 fromagers), « n’accepte pas la mise au pilori de son fromage et la remise en cause du plaisir de bien manger au nom d’une réglementation illisible, reposant sur un algorithme tronqué ».
Pour rappel, lors de la précédente passe d’armes, les auteurs du Nutri-Score (Serge Hercberg, Chantal Julia, Mathilde Touvier, Pilar Galan) avaient rétorqué que « même avec un label AOP, un Label Rouge, une IGP, ou le fait d’être bio, les charcuteries ou les fromages riches en acides gras, en sel et calories restent riches en acides gras et en sel et calories. Ces aliments, comme tous les autres, doivent donc jouer le jeu de la transparence nutritionnelle. Ils ne peuvent être exemptés de l’affichage du Nutri-Score, qui doit venir en complément des labels reflétant d’autres qualités des produits. »