Le digital ouvre les portes du marché chinois

12 janvier 2015 - Pierre Christen

 

 

Selon Benjamin Barthe de Sopexa, les Chinois ont une forte culture des médias sociaux, dont le paysage est d'ailleurs complexe et fragmenté. DR.

 

La présence sur les réseaux sociaux et le développement du e-commerce apparaissent comme des opportunités de croissance que l’industrie agroalimentaire gagnerait à davantage s’approprier. C’est le constat émanant d’une série d’évènements qui ont émaillé la fin 2014, à l’instar du colloque du pôle Valorial placé sous le thème de la « Révolution digitale agroalimentaire », de l’événement « Food is Social » de l’agence Kingcom, de la conférence « Foodies 2.0 » de Sopexa sur le Sial Paris ou encore de la table-ronde « Alimentation connectée : une carte à jouer pour la France » organisée par le pôle Vitagora.

Ces outils sont particulièrement efficaces pour ouvrir des marchés à l’export dans des pays dotés d’une bonne maturité numérique, tels que les États-Unis, le Japon, mais aussi la Chine.

Un territoire de liberté

« Le modèle culturel chinois se révèle particulièrement adapté au développement d’une stratégie digitale. C’est un pays où il y a une forte culture des relations sociales, et où Internet apparaît comme un territoire de liberté qui joue le rôle de lieu de décompression », a expliqué Benjamin Barthe, qui a la charge de la coordination et de l’animation des 14 experts digitaux de la Digital Factory au sein de Sopexa, l’agence de marketing international spécialisée en agroalimentaire et vin.

Les Chinois très sensibles aux recommandations des médias sociaux

C’est ainsi que les Chinois sont plus sensibles aux recommandations des nombreux médias sociaux qu’à celles émanant des médias traditionnels. Les leaders mondiaux du web, Facebook et Twitter n’ont pas droit de cité (comme en Russie) auprès des 632 millions d’internautes chinois. Le passage obligé est Weibo, avec 600 millions d’utilisateurs, qui le considèrent comme une véritable source d’information. 96 % des internautes sont actifs sur les réseaux sociaux et 85 % des connectés créent du contenu (quand 75 % des occidentaux sont spectateurs). « Les internautes chinois sont actifs et hyper-engagés. Ils partagent émotions et envies, le sport national étant de s’échanger des photos », souligne Benjamin Barthe.

Surtout, le web chinois a la capacité intrinsèque de transformer cette sensibilité au web en actes d’achat. 90 % des utilisateurs de Weibo se rendent ensuite sur des sites de e-commerce. Benjamin Barthe cite l’exemple d’une campagne menée sur le réseau social par trois leaders d’opinion afin de promouvoir le lait. Résultat : 2 millions de briques de lait vendues en 51 minutes ! L’influence est colossale…

Transformer la sensibilité web en actes d'achat

Cette capacité à transformer en actes d’achat la navigation web fait donc la différence avec les Facebook et Youtube, qui peinent à transformer l’essai. Autre exemple emblématique, Youku. Ce « youtube chinois » offre la possibilité d’acheter directement un produit en même temps qu’une vidéo. « Cette capacité de paiement en ligne ultra-sophistiqué réduit le nombre de clics jusqu’à l’acte d’achat », commente Benjamin Barthe. L’amélioration de la visibilité sur les médias sociaux est ainsi directement corrélée à l’augmentation des ventes.

Il faut créer des partenariats

Autre exemple mis en exergue par Benjamin Barthe : WeChat. Cette application de messagerie instantanée, dotée d’un paiement intégré, compte 500 millions d’utilisateurs, dont 100 millions de comptes étrangers. « Elle offre un potentiel marketing gigantesque », souligne Benjamin Barthe. Quant à TaoBao, équivalent à un « ebay chinois », il affiche 50 000 transactions par minute. « Il est difficile d’émerger en propre, il faut créer des partenariats avec des sites d’e-commerce comme Tmall, l’Amazon local qui compte 700 000 millions de visiteurs », précise-t-il.

Pour autant peut-on imaginer conquérir le marché chinois de son ordinateur en France ? Pas si simple. « Un effort d’adaptation au fonctionnement du web chinois est nécessaire. Par exemple, il faut miser sur des services hébergés localement, car la vitesse d’accès est très importante d’autant que trois quarts des internautes surfent à partir de leur téléphone portable. Une utilisation massive qui représente une formidable opportunité pour les produits et les marques. Sur un marché aussi spécifique, de nombreuses entreprises trouveront utiles de se faire accompagner par des experts implantés localement pour déployer une stratégie marketing pertinente », indique Benjamin Barthe.

Découvrez dans notre numéro de janvier 2015 notre enquête de trois pages intitulée "Les opportunités de la révolution digitale" :

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