PAC : des aides qui bénéficient aussi aux grands exportateurs et aux plus démunis
Voilà une raison de plus de « tordre le cou » à ceux, principalement la société civile, qui doutent de la Politique agricole commune (PAC). La publication des bénéficiaires (à l’exception, pour des raisons administratives, des agriculteurs exploitant dans le cadre d’une structure individuelle) à laquelle est tenu, depuis l’an dernier, chaque Etat-membre de l’Union européenne, que ces aides relèvent du Fonds européen Agricole de garantie (FEAGA) ou du Fonds européen Agricole pour le développement Rural (FEADER), montre que les soutiens de la PAC vont aussi à des groupes agroalimentaires, des collectivités et des organisations caritatives.
Le volailler Doux premier bénéficiaire
Le premier bénéficiaire des aides versées sur la dernière période (16 octobre 2010 au 15 octobre 2011) est en effet le groupe volailler Doux ( 54,9 millions d’euros ), l’un des 5 plus grands acteurs de l’exportation mondiale de produits agroalimentaires. Le Moyen Orient représente le deuxième plus gros débouché de l’entreprise (28% en 2008, en très forte augmentation ), après la France (34% en 2008). A partir de 2009, l’entreprise a du faire face à une chute brutale des prix sur la zone grand export, en raison de la crise financière mondiale.
Les autres grands bénéficiaires, dans la catégorie des plus de 20 millions d’euros sont :
Le Comité régional pour la reconversion qualitative différée du vignoble de Languedoc –Roussillon (32,4 M€), la SAS Sucrerie de la Réunion (31,1 M€), France Luzerne à Chalons en Champagne (23,2 M€ ) … Mais figurent aussi, en tête de cette liste, des organisations caritatives, telles que la Fédération française des banques alimentaires (29,9 M€), les Restaurants du Cœur (20,8 M€), et le Secours populaire français ( 21,5 M€) .
Cette répartition est finalement conforme à la volonté du gouvernement français qui avait exposé ses positions sur l’avenir de la PAC en octobre 2011 :
- Le maintien d’une PAC orientée autour de deux piliers : l’une au service de l’agriculture et de l’alimentation, l’autre au service des territoires et de l’environnement. Avec un budget maintenu, à la hauteur de ses ambitions, aux niveaux actuels.
- Le maintien également d’un programme européen pour les plus démunis (PEAD) au regard de la situation économique actuelle.
Les années 2010 vont marquer une profonde réforme de la Politique agricole commune, soit une nouvelle étape après les années 1960 correspondant à la mise en place de la PAC, puis celle des années 1980 marquées par un changement de cap et enfin celle des années 2000 qui ont vu la rupture avec la logique productiviste.