Rapport Rouault : la compétitivité passe par la concentration
« Les industries du lait et de la viande ont de vrais défis à relever pour être plus compétitives », analyse Philippe Rouault, délégué interministériel aux IAA. Son rapport sur la compétitivité de l’agroalimentaire français, remis à Bruno Le Maire fin octobre, décortique les faiblesses de ces deux secteurs.
PDM en chute libre
Le rapport s’appuie notamment sur la perte des parts de marché des entreprises françaises. La PDM mondiale de la France en viande porcine est passée de 5,8 % en 2004 à 4,7 % en 2009. Sur la même période, celle de l’Allemagne a progressé de 10,2 % à 17,1 % et celle de l’Espagne de 7,4 % à 9,8 %. Constat identique pour les fromages, avec une PDM mondiale de la France qui chute de 17,4 % en 2004, à 14,4 % en 2009, derrière l’Allemagne avec 16,7%. Raison principale évoquée dans le rapport : la forte concentration de l’activité chez les concurrents européens et internationaux. « Des pays comme le Brésil ou l’Allemagne ont des entreprises plus grandes et plus compétitives que les notres, constate Philippe Rouault. Les IAA françaises perdent même des parts de marché sur leur marché intérieur. »
Augmenter la taille des entreprises
Le rapport propose d’agir en priorité sur la taille des entreprises « Pour les secteurs dont l’acte d’achat dépend uniquement du prix : lait de consommation et découpes de viande par exemple, nous préconisons aux dirigeants d’augmenter la taille de leurs entreprises par des rapprochements nationaux et européens, poursuit Philippe Rouault. Cette restructuration est indispensable pour gagner en compétitivité et permettra aux entreprises d’effectuer les efforts de recherche et développement, de marketing, de présence à l’exportation, et de peser davantage face aux distributeurs. » Car s’il faut redresser la barre à l’export, les entreprises devront également défendre leurs positions sur le marché français. « Les responsables de la grande distribution veulent réduire le nombre de références, et le nombre de fournisseurs sera amené à baisser », précise le délégué interministériel.
Robotisation des abattoirs
Le secteur de la viande a aussi un autre défi devant lui dans la course à la compétitivité : l’automatisation. Le rapport Rouault préconise un effort radical dans le domaine de la robotisation des abattoirs, à l’image de ce qu’ont engagé les pays du nord de l’Europe.
Pour accompagner les filières dans cet effort de restructuration, le ministre de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche Bruno Le Maire s’apprête à lancer des audits stratégiques financés par les pouvoirs publics. Il s’agira de montrer aux dirigeants l’intérêt de trouver des partenaires français et européens, et de donner aux entreprises une meilleure visibilité sur leur avenir. Ils seront testés dans quatre ou cinq régions la première année, avec l’objectif de réaliser une centaine d’audits à terme.