Rhône-Alpes : la filière carnée craint aussi une crise
Si la Bretagne a été la première région à tirer la sonnette d’alarme concernant le devenir de son industrie agroalimentaire, le Rhône-Alpes semble elle aussi s’inquiéter de son avenir, plus particulièrement dans la filière des produits carnés. C’est l’Association des Porcs de Montagne qui s’est insurgée en premier, mi-novembre, dénonçant une nouvelle règlementation européenne qui, si elle était appliquée, obligerait les éleveurs de Porc de Montagne (2000 éleveurs en France pour 100 000 bêtes) à nourrir les bêtes avec des produits locaux. Seul problème, la production de céréales en altitude est quasi-inexistante et les porcs sont des granivores. Allant bien au-delà de la simple revendication personnelle, le coup de gueule de la profession met également en garde contre l’effet domino. En effet, la règlementation européenne pourrait venir déstabiliser la filière porcine et, si les élevages de porcs de montagne disparaissent, la filière bovine suivra rapidement ; le porc représentant 40 % des volumes d’abattoirs de montagne.
Justement, les éleveurs de bovins en Rhône-Alpes ont également pris la parole en novembre pour dénoncer les effets économiques de l’écotaxe sur les entreprises de la filière. Les professionnels du secteur estiment le surcoût engendré à 4,05 € par bovin. En Rhône-Alpes, 260 000 bovins sont abattus ; l’écotaxe représenterait donc plus de 1 M€ et pourrait entraîner la suppression de 40 postes sur les 7000 que compte la filière en région. Les représentants de la filière parlent eux aussi « de la goutte d’eau qui fait déborder le vase » face à une règlementation et une fiscalité françaises déjà très décalée par rapport aux autres pays européens (coût du travail en Allemagne, frais d’analyse sanitaire et vétérinaire supplémentaire en France, coût des transports de vif…).
Si les acteurs rhônalpins de la filière carnée sont donc préoccupés, ils sont encore loin de la colère des « Bonnets rouges ». Il attendent la fin de la trêve des confiseurs pour à nouveau faire le point sur la situation.