« En tant que rouage incontournable de la chaîne logistique alimentaire, nous avons le devoir de continuer à fournir nos clients », affirme en préambule Gérard Mathieu, directeur marketing et innovation de Smurfit Kappa France. Ceci étant dit, la tâche n’est pas simple. « Pour garantir la continuité de l’activité, nous avons commencé en priorité par garantir la sécurité sanitaire de nos salariés en mettant en place toutes les mesures de gestes barrières, de désinfection, etc. Au départ, les gens avaient très peur de venir travailler. Il a fallu les rassurer. » Le taux d’absentéisme atteint néanmoins 20 % sur certains sites de production d’emballages (le groupe en compte 48 en France, ainsi que quatre papeteries) pour cause d’arrêts liés à la garde d’enfants ou de confinement des personnes à risque. Peu de salariés ont fait valoir leur droit de retrait.
Réunion de crise quotidienne à 80 personnes
« Tous les matins, nous organisons une réunion de crise avec 60 à 80 personnes en Skype avec les responsables des sites et ceux des services centraux. Nous faisons un tour de table de tous les sujets (présences, fournisseurs, logistique, maintenance, etc.) pour suivre la situation au plus près avec deux objectifs majeurs : garantir les conditions de sécurité pour nos salariés et assurer la continuité de l’outil industriel », détaille-t-il. A l’issue de cette réunion, une cartographie des processus (ou mind map) est réalisée et envoyée à tous les sites : elle répertorie les points réglés et ceux qui restent à résoudre. Une nouvelle version est envoyée tous les jours. Une cellule de crise réalisée avec ses fournisseurs d’amidon, d’encre et de colle, entre autres, a aussi permis de sécuriser la chaîne en amont. « Ils nous ont assuré qu’il n’y aurait pas de problèmes majeurs d’approvisionnements, résume Gérard Mathieu. A l’instant T, quatre papeteries françaises du groupe nous livrent, même si elles ne tournent pas à 100 %". Au niveau horizontal, il faut aussi que les fournisseurs du cartonnier assurent le service après-vente des machines, à distance ou en acceptant de se déplacer malgré le contexte.
Continuité de l'activité malgré le mode dégradé
Le groupe est donc en mesure de fournir ses clients, malgré un fonctionnement en mode dégradé et des rythmes de commandes assez chaotiques. Les effets de stockage/déstockage des consommateurs provoquent, en effet, des à-coups dans les commandes et les besoins en production des usines agroalimentaires. « Nous arrivons à tourner sur l’ensemble de nos cartonneries, avec des profils de commandes différents selon les secteurs : une demande forte en agroalimentaire, hygiène, santé et e-commerce. Et un ralentissement considérable en RHF », note Gérard Mathieu.
Répartition des charges entre les sites
L’ensemble des cartonneries du groupe sont polyvalentes : des sites « chargés » peuvent donc se délester sur des sites qui ont moins de commandes que d’habitude. En cas de pic de commandes, les cartonneries de Smurfit Kappa peut aussi reporter une partie de leur activité vers les sites de cartonnages du groupe qui sont habituellement dédiés aux plus petites séries. « Nous répartissons les charges », confirme-t-il. Une façon de faire plus avec moins d’effectifs. « Nous réorganisons aussi les rythmes de travail avec des passages en 2x8 ». Jongler entre disponibilité des salariés, capacité des sites et évolution des commandes est un quotidien qui demande à l’organisation beaucoup d’agilité. Une agilité dont toute la chaîne alimentaire fait aujourd’hui preuve avec brio.