Recyclage : quel avenir pour les pots de yaourts ?
16 milliards de pots de yaourts, fromages frais, faisselle et autres desserts lactés sont mis sur le marché chaque année en France. 75 % sont en polystyrène (PS) et 25 % en autres résines ou matériaux (polypropylène, carton, verre, etc.). Lors de son assemblée générale, le syndicat des produits laitiers frais Syndifrais – qui représente 80 % de la profession -, a abordé un sujet d’actualité pour les metteurs en marché et les fabricants d’emballages et de machines de conditionnement : la recyclabilité de ces pots en polystyrène. Car ce matériau – reconnu pour son aptitude au thermoformage et ses propriétés de sécabilité - ne dispose pas encore de filière de tri organisée à l’échelle nationale. Et ne remplit donc pas les conditions de recyclabilité qui seront imposées par l’Europe et la France d’ici 2025. Il pourrait même, au moment de l’extension des consignes de tri à l’échelle nationale prévue pour 2022, écoper d’un malus d’éco-contribution si la filière n’était pas organisée.
Pour éviter cela, la profession prend les devants. « Il existe déjà des filières mais elles doivent être développées. Car techniquement le PS est recyclable. Dans un second temps, nous chercherons le retour au contact alimentaire pour rentrer dans une logique d’économie circulaire mais ça ce n’est pas pour demain », explique Véronique Fabien-Soulé, déléguée générale de Syndifrais. Le Syndicat a signé un engagement volontaire pour faire émerger une filière d’ici 2020 avec Citéo, Total et Saint-Gobain. Une unité pilote de recyclage chimique installée chez Total a commencé en décembre dernier à produire des plaques de polystyrène recyclé pour des applications d’isolation.
En 2019, Syndifrais s’est aussi associé à Valorplast pour présenter le projet Recyqualipso dans le cadre de l’appel à projets Citéo. Ce dernier, qui a toutes les chances d’être retenu par l’éco-organisme, doit permettre de développer de meilleurs systèmes de recyclage du PS, avec une efficacité environnementale optimale.
« Nous recyclons déjà nos chutes de production et allons étendre notre gisement aux chutes de production de nos clients industriels, en BtoB. Même si cela ne rentre pas dans les calculs de taux de recyclage, c’est déjà une façon de récupérer de la matière de bonne qualité », indique Xavier Lefebvre, directeur qualité et sécurité de la société Cedap, fabricant de feuilles de PS. Pour exploiter les gisements post-consommateur, Cedap croit fort dans le recyclage chimique à basse température. Et cite la société Agilyx comme exemple de réussite en la matière.
En France, Citéo travaille à d’autres solutions. Et Thomas Etien, responsable du développement du recyclage de l’éco-organisme, soulève les défis à relever : la banderole, par exemple, qui pèse 20 à 30 % du poids du produit, peut perturber la reconnaissance de la résine en centre de tri. L’idéal serait donc d’aller vers un opercule et une banderole en PS. Le recyclage impose également de nettoyer les pots au préalable. «Agilyx aux Etats-Unis nécessite, par exemple, 95 % de pureté du PS », rappelle-t-il.
« La solution toute prête pour les industriels de l’ultra-frais n’existe pas. A la fin, la solution ne sera pas unique. Le carton et le verre sont techniquement possibles mais cela nécessiterait de changer toutes nos lignes FFS qui ne peuvent être alimentées qu’en plastique », témoigne Eric Janssen, directeur projet opérations de Danone Produits Frais. Le groupe a d’ailleurs déposé un appel à projets auprès de Citéo portant sur le PLA, par exemple. Xavier Lefebvre annonce aussi le développement d’ici fin 2019 d’un PS issu de ressources renouvelables, selon son fournisseur de matière Ineos Styrolution.
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