Selon le Groupement Interprofessionnel pour la Valorisation de la Pomme de Terre (GIPT), la filière traverse la plus grave crise de son histoire. Confrontée à un blocage complet de ses débouchés habituels, elle sollicite aujourd'hui une aide d'urgence de la part du gouvernement français et de l'Union Européenne pour lui permettre de stocker les pommes de terre.

L’organisation explique que les commandes des clients ont chuté de plus de 90 % pour les secteurs de la restauration rapide et hors domicile dès le 16 mars. Cela a entraîné un surplus estimé à 450 000 tonnes en France : 200 000 tonnes de surplus net « qui ne trouveront pas de destination commerciale valorisante en France » et 250 000 tonnes à l'export destinées à la transformation. Jusqu’à présent, cette fin de récolte 2019 était stockée chez les agriculteurs, mais la nouvelle récolte doit débuter d’ici quelques semaines et aura besoin d’être elle aussi stockée.

Une aide de 35 millions d'euros maximum

Avec une aide d’urgence de 35 millions d’euros maximum, les volumes pourraient être convertis en alimentation du bétail, méthanisation, filière amidon ou être donnés. « Si aucune solution viable n'est trouvée à très court terme, le danger est de voir se multiplier les dépôts "sauvages" de pommes de terre, une pratique contraire aux règles sanitaires et au respect des normes environnementales », alerte le GIPT.

 La perte sèche de valeur liée à l'absence de vente et supportée par la filière est aujourd'hui évaluée à 200 millions d'euros. « Jusqu'à présent, les industriels de la filière transformation supportent la majorité des pertes et achètent les stocks de pommes de terre sous contrat. Sans soutien public rapide, un blocage complet est attendu à court terme avec des effets dominos sur 3 000 producteurs pouvant entraîner une déstabilisation de tous les marchés de la pomme de terre pour la fin 2019 et 2020 », prévient Christian Vanderheyden, président de l'interprofession.