En Europe, 99% de l’ail déshydraté (30 000 tonnes) qu’utilisent les industries provient de Chine. La crise du coronavirus pourrait bousculer la donne et favoriser un retour à la relocalisation européenne ou française. C’est ce qu’espère Rochias, société française spécialisée dans la transformation d’ail, d’échalote et d’oignon. « On peut se demander si c’est raisonnable de faire venir des produits de Chine alors qu’on peut les cultiver en Europe. La France aurait la capacité de planter beaucoup d’ail et nous pourrions prendre une part significative du marché si l’agroalimentaire nous suivait. Il est peut-être temps de joindre le geste à la parole et de donner plus d’importance à notre agriculture », insiste Éric Villain, nouveau co-gérant de la société depuis novembre 2019.
Pas encore de changement d’approvisionnement
« Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les clients n’ont pas changé leurs habitudes. Nous avons profité de nouvelles opportunités mais cela n’a pas représenté un rush monstrueux. Les commandes du mois de mars étaient légèrement supérieures à la normale, et notre carnet de commandes du mois d’avril s’annonce normal aussi », explique-t-il. Son associé, Thierry Sclapari, confirme que jusqu’à présent, il n’y a pas eu de politique d’achat dans leurs prospects, qui continuent de s’approvisionner en Chine. Le pays a, en effet, réussi à expédier ses containeurs avant la crise et les perturbations ont été mineures. Néanmoins, cela met en évidence la dépendance de l’Europe envers la Chine qui laisse présager un risque pour les approvisionnements si la situation s’aggrave ou se répète.
Une production aléatoire
Rochias commercialise actuellement 40 à 45 % d’ail français déshydraté, le reste venant d’Espagne car la production hexagonale n’est pas suffisante. Elle a pu constituer des stocks de matières premières sans problème. Mais après une période d’emballement des consommateurs, la demande ralentit, ce qui impacte la distribution, les transformateurs et leurs fournisseurs. Résultats, une production aléatoire. « La semaine dernière, nous avons travaillé à 50 % de nos effectifs car nous avions suffisamment anticipé nos stocks. Cette semaine, nous allons redémarrer la production car nous avons besoin de certaines références. Mais la semaine d’après, on ne sait pas. La demande est erratique et difficile à comprendre », observe Éric Villain. Une situation qui pourrait s’avérer problématique à long terme. Sauf à espérer qu'un des enseignements de la pandémie de coronavirus soit la volonté de la profession de relocaliser son sourcing ...