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Dioxyde de titane, les soupçons s'accumulent
Le dioxyde de titane (E171) est un colorant alimentaire blanc très présent dans les bonbons, produits chocolatés, biscuits, chewing-gums, compléments alimentaires ainsi que dans les dentifrices. Le pigment utilisé en agroalimentaire n’est pas soumis à l’étiquetage « nanomatériau » puisqu’il est composé de moins de 50% de nanoparticules.
En 2010, ce composé a été classé cancérigène possible pour l’Homme par inhalation par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Selon la monographie, les études permettaient de valider sa cancérogénicité sur l'animal mais pas sur l'Homme. Au niveau européen, l'Efsa a ré-affirmé en septembre 2016 que le dioxyde de titane ne posait pas de problème de santé par ingestion orale pour les consommateurs dans l'état actuel des connaissances*.
Or une nouvelle étude publiée dans Scientific Reports pourrait faire basculer la donne. Une équipe de l'Inra, de l'Anses, du CEA-Université Grenoble-Alpes, du Synchrotron Soleil et du Luxembourg Institute of Science and Technology a montré que l'ingestion de dioxyde de titane a des effets nocifs chez les animaux. Les chercheurs ont administré 10 mg par kilogramme de poids corporel et par jour de ce composé à des rats, soit une dose proche de l’exposition alimentaire humaine. Ils ont découvert que le dioxyde de titane est absorbé par l’intestin et passe dans la circulation sanguine et dans le foie. Ils ont observé que ce colorant altère la réponse immunitaire intestinale et peut mener à des stades précoces de cancérogenèse du côlon. Les auteurs précisent bien que les résultats ne permettent pas d’extrapoler ces conclusions à l’Homme et pour des stades plus avancés de la pathologie. Néanmoins, c'est aussi ce type de résultats sur les animaux qui a conduit le Circ à classer le dioxyde de titane comme probable cancérigène en inhalation.
L'Anses saisie par le gouvernement
Quelques heures après le communiqué de l'Inra, le gouvernement a saisi l'Anses afin d'évaluer le risque pour les consommateurs. Les travaux vont donc s'additionner à ceux lancés fin 2016 sur l’impact potentiel des nanomatériaux présents dans l’alimentation. Un appel à candidatures d'experts scientifiques pour ce groupe de travail est d'ailleurs en cours jusqu'au 28 février 2017. Des résultats sont attendus pour fin mars.
En attendant, les industriels prennent leur responsabilité. Par exemple, Verquin Confiseur, qui commercialise les « Têtes Brûlées», a indiqué avoir retiré dès décembre 2016 le pigment de ses bonbons. Pour ceux qui veulent substituer ce colorant, les fournisseurs d'ingrédients proposent des alternatives comme du carbonate de calcium, de l'amidon de riz ou des mélanges plus ou moins complexes pour la dragéification.
*L'Agence européenne a souligné quand même un manque de données pour fixer une dose journalière admissible et pour définir les effets de ce colorant sur le système reproducteur.