Mis au point par des chercheurs du CNRS, de l’Inra et de grandes universités, la campagne Lundi Vert prône de se passer de viande et de poisson un jour par semaine. Lancée l’an dernier, elle devait servir à recruter des volontaires pour étudier le changement alimentaire. 89 % des participants sont prêts à continuer en 2020 et 68 % prévoient de consommer encore moins de viande et de poisson à l’avenir. Crédit photo Adobe tibanna79

Nutrition

Quel bilan pour le volet scientifique de l'opération Lundi Vert ?

13 janvier 2020 - Amelie Dereuder

Début 2019, Lundi Vert encourageait les Français à ne plus consommer de viande et de poisson le lundi. Au-delà du manifeste, l'opération a enclenché une étude scientifique visant à recruter des volontaires, déterminer les profils réceptifs et les messages efficaces. Tout cela pour adapter les campagnes nationales de prévention santé de type PNNS. Un an après, voici les principaux résultats.

Rappelez-vous, c’était le 7 janvier 2019. 500 personnalités avaient co-signé le manifeste « Lundi Vert ». Cette initiative prônait une journée par semaine sans viande ni poisson, entraînant un mix de réponses soit enthousiastes, soit épidermiques. Il faut dire que l'opération a été réduite à sa dimension "communication", occultant son volet scientifique. Une cohorte et un protocole autour du changement alimentaire ont été mis en œuvre. Une expérimentation scientifique donc, bien que peu orthodoxe dans sa forme. Un an après, quels en sont les résultats ?

Profil féminin, urbain et jeune

Selon le bilan des organisateurs (CNRS, Inra et grandes universités), environ 25 000 personnes s’étaient inscrites un mois après le début de la campagne. Elles ont rempli un questionnaire afin que les scientifiques puissent connaître leurs données socio-démographiques, leur personnalité, leur rapport à la viande et au poisson, et surtout leurs motivations principales pour adopter un jour sans produit carné. En termes de profil, les chercheurs ambitionnaient de recruter des volontaires impliqués et au profil plus varié que dans les expérimentations classiques. De ce point de vue-là, les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. On retrouve ainsi dans la cohorte une majorité de femmes, de jeunes, d’urbains, ayant fait des études… qui sont déjà largement présents dans les études de NutriNet Santé. Pas de nouveauté dans ce domaine. Par contre, la présentation de la campagne a plutôt motivé les personnes consommant peu de viande, ayant des végétariens parmi leurs proches et ouvertes d’esprit pour enclencher un changement alimentaire.

Une fois la population sélectionnée, les volontaires ont reçu chaque semaine deux emails : un rappel du Lundi Vert en début de semaine, et un questionnaire le mardi pour savoir s’ils avaient ou non mangé de la viande ou du poisson la veille. La moitié recevait aussi des messages personnalisés adaptés à leur motivation (environnement, santé ou bien-être animal) pour les inciter à continuer. Cette méthode permet de mesurer l’efficacité d’une politique et son suivi dans le temps, ce qui est compliqué à faire à grande échelle. Les scientifiques ont ainsi découvert que plus la consommation initiale de viande est élevée, plus le suivi du Lundi vert est de courte durée. Les participants ayant le trait de personnalité « ouverture d’esprit » maintiennent leur engagement plus longtemps. Ces résultats ont été publié dès juillet 2019, sous le nom de code protocole MEAT (Mesures des Evolutions Alimentaires longTudinales).

Des évolutions dans les pratiques alimentaires

Une enquête supplémentaire a été menée en décembre 2019 sur 7476 femmes et 3130 hommes qui n’avaient pas encore abandonné. 89% des volontaires disent vouloir continuer le Lundi Vert en 2020 et 68 % indiquent qu’ils prévoient de consommer encore moins de viande et de poisson à l’avenir. 72,5 % des répondants perçoivent désormais différemment le lien entre alimentation et état de la planète. 62 % voient différemment le lien alimentation-santé. Enfin la relation entre alimentation et utilisation industrielle des animaux a évolué pour 73 % des participants. Ce qui est intéressant, c’est que la démarche a fait découvrir de nouveaux plats à 66,5 % des volontaires et de nouveaux aliments à 46 % des personnes sondées. Ce sont surtout les légumineuses, les légumes (courges, topinambours, rutabagas…), les plats cuisinés végétariens, les simili-carnés, les tofus et les céréales originales qui ont plu aux consommateurs. Certains ont aussi testé des algues, des simili-laitiers, des fruits exotiques, des épices, mais la préférence semble aller vers les aliments qui changent peu les modes de préparations habituels. Un an après le début du Lundi Vert, 34 % des participants estime que la cuisine végétarienne est plus compliquée et 37 % craignent toujours de ne pas savoir correctement remplacer viande et poisson.

Quelles suites pour 2020 ?

Les données collectées sont toujours en cours d’analyse et d’autres résultats devraient être publiés dans les prochains mois. Les organisateurs comptent aussi relancer une campagne de mobilisation en avril. Pour stabiliser le projet, une structure va être créée sous la forme d'une association.

Comme les restaurants universitaires ont aussi adopté le Lundi Vert à la rentrée 2019, les organisateurs aimeraient aussi mettre au point des outils pédagogiques pour la restauration publique et privée. Grâce aux résultats obtenus, ils pourront ainsi tester de nouveaux messages adaptés au profil et aux motivations des convives. Avant une utilisation de grande ampleur dans le cadre du prochain PNNS ?

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