Le jeudi 25 février 2021, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des finances et de la relance et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l'Industrie, ont réalisé un premier bilan de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour le développement de l'hydrogène décarboné lors d’une réunion du Conseil national de l'hydrogène (CNH) qui s’est tenue à Albi, au sein de l’entreprise Safra. Cette stratégie, qui a été annoncée par le gouvernement le 8 septembre 2020, prévoit 7 milliards d'euros de soutien public d'ici 2030, dont 2 milliards d'euros d'ici 2022, dans le cadre de France Relance et des investissements d’avenir.
Pour ce premier point d’étape, les co-présidents du CNH, Benoit Potier, p-dg d’Air Liquide, et Patrick Koller, directeur général de Faurecia, ont présenté une analyse comparative des stratégies internationales sur l’hydrogène, se fondant notamment sur les travaux du Conseil mondial de l’hydrogène. Il en ressort que la France est positionnée dans le peloton de tête des pays les plus avancés, aux côtés de l’Allemagne, de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon.
Des projets sur tout le territoire
Dans l’Hexagone, la dynamique industrielle est enclenchée. Dans le cadre du plan France Relance, 27 projets de R&D et d’intégration de technologies hydrogène ont d’ores et déjà été soutenus, pour 212 millions d'euros d’investissement total et 37 millions d'euros de soutien public. A ces projets viennent s’ajouter 60 millions d'euros de soutien à la filière aéronautique dans le cadre du Corac (Comité d’orientation de la recherche pour l’aéronautique civile). Par ailleurs, début 2021, un soutien financier a été annoncé pour aider quatre régions (Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est) à acquérir 14 trains hydrogène représentant un investissement total de 300 millions d'euros.
Dans le cadre de la première session de l’appel à projets « écosystèmes territoriaux » de l’Ademe, sept projets, représentant un investissement de 136 millions d'euros et une demande d’aide de 45 millions d'euros, ont été présélectionnés pour soutenir la production par électrolyse et la mobilité hydrogène. La deuxième session de cet appel à projets compte déjà plus de 47 nouvelles demandes ouvertes, pour une présélection en juin.
De premiers éléments ont aussi été présentés concernant les projets d’envergure qui pourraient bénéficier d’un accompagnement dans le cadre du PIIEC (Projet Important d’Intérêt Européen Commun) en cours de construction sous l’impulsion de la France et de l’Allemagne. Ces projets français représentent un montant total d’aide avoisinant les 8 milliards d'euros et concernent la production d’électrolyseurs, la décarbonation de l’industrie lourde, la production des équipements pour la mobilité.
Sur le territoire national, France Hydrogène a dans ce cadre dénombré quatre projets d’usines de fabrication d’électrolyseurs. L’association a aussi dénombré des projets d’installations d’électrolyse d’une puissance totale de 3,2 GW, soit d’ores et déjà près de 50 % de l’objectif fixé par la stratégie nationale (6,5 GW en 2030).
Des projets innovants utilisant les technologies de l’hydrogène sont également en développement dans les systèmes électriques des zones non interconnectées en outre-mer.
Une accentuation nécessaire de la recherche et de la formation
Selon une étude du CNH, la France maîtrise ou disposera rapidement de toutes les technologies critiques nécessaires à sa souveraineté et permettant un passage rapide à l'échelle industrielle. Des thématiques prioritaires ont été identifiées pour faire l’objet de travaux complémentaires. Il s’agit par exemple des membranes, des compresseurs d’air pour piles à combustible et électrolyseurs, ou encore des procédés de décarbonation pour l’industrie sidérurgique et les cimenteries. Afin de soutenir ces nouveaux projets de R&D, le Secrétariat général pour l'investissement a amélioré le dispositif d’aide « briques technologiques et démonstrateurs hydrogène » opéré par l’Ademe, en portant notamment la part de subvention à 60%, voire 75% sous certaines conditions.
La dynamique de la filière hydrogène est porteuse de perspectives importantes d’emplois. France Hydrogène est ainsi en cours de finalisation d’un référentiel des compétences-métiers qui sera présenté fin mars et accessible par Internet. Sur les 75 métiers identifiés, une quinzaine apparaissent déjà en tension. Pour y remédier, des initiatives dans le domaine de la formation professionnelle ont été évoquées, telles que « la Symbio Hydrogen Academy » portée par l’entreprise Symbio et ses actionnaires Faurecia et Michelin. Elle vise à former 300 personnes par an aux métiers de l’hydrogène dans la région lyonnaise. De la même manière, le groupe Air Liquide apporte son soutien aux initiatives telles que la « H2 Académie », qui est destinée notamment à former des étudiants en BTS à partir de septembre 2021 à Port-Jérôme, près du Havre.
La prochaine réunion du Conseil national de l'hydrogène se tiendra d’ici l’été. Elle permettra de faire le point sur des thématiques telles que les enjeux de réglementation et de normalisation spécifiques, les mécanismes de soutien à la production d’hydrogène décarboné ou encore la question des infrastructures de transport et de distribution.