Procédés
Séchage : Clextral ouvre un pilote préindustriel en France
La technologie d'extrusion-porosification (EPT) développée par Clextral est disponible en France. Un nouveau pilote vient d'être installé à Cérences (50) sur le site de LIS (Lesaffre Ingredients Services), spécialisé dans le séchage à façon. Avec une capacité de séchage de 10 à 25 kg par heure, l'unité permettra de réaliser des essais préindustriels. Son installation a coûté trois millions d'euros, l'investissement étant réparti entre les quatre partenaires du projet : LIS, Clextral, Triballat-Noyal et Diana Pet Food.
Cette technologie permet de sécher des produits très visqueux ou gras et d'obtenir des poudres poreuses. Une première ligne de recherche-développement est en fonctionnement depuis plusieurs années en Australie, sous licence Clextral, au CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization). Elle couvre la zone Asie Pacifique. « L'Inra, avec son unité Sciences et Technologie du Lait et de l'Oeuf, est venu tester notre procédé en 2013 et a déclaré qu'avec l'EPT, nous étions capables de sécher des ingrédients réputés inséchables », rapporte Gilles Maller, vice-président de Clextral. Le procédé breveté par Clextral contient plusieurs étapes : concentration spécifique sous vide, extrusion-porosification (via un extrudeur bi-vis et un injecteur à gaz) pour former une « mousse liquide », qui est ensuite séchée. Un dernier passage sur lit fluidisé permet d'obtenir 97 % de matière sèche. En fin de ligne, l'air est épuré. Le pilote est équipé pour réaliser des mélanges, des émulsions et de la concentration.
De nouvelles poudres plus dispersibles
Le résultat : des granules poreuses, dont les alvéoles sont interconnectées par des capillaires. La surface d'échange atteint 140 à 145 m²/g, contre 95 m²/g en atomisation classique. Ce qui permet de sécher à des températures moindres, de l'ordre de 20 à 50°C, et ainsi de mieux préserver les propriétés organoleptiques. Ce chauffage modéré contribue également à réduire la facture énergétique, de 20 à 40 % par rapport à l'atomisation sur tour. Autre bénéfice de cette texturation : la réhydratation est améliorée. Des études ont démontré le doublement de la dispersibilité sur du concentré de protéines de lait. Et finalement, il n'est plus nécessaire de diluer certains ingrédients avant de les sécher, ce qui contribue également à réduire les coûts opératoires de l'opération.
Lors de l'inauguration le 22 juin, Isabelle Guillet, directrice recherche et innovation chez Diana Pet Food, a expliqué que cette technologie allait « élargir le champ des possibles en terme d’ingrédients et de matières premières, mais aussi de nouvelles gammes. » Olivier Clanchin, président de Triballat-Noyal, est également ravi d'être présent sur une innovation de rupture. Il y voit aussi l'opportunité de « déployer son savoir-faire sur d'autres territoires, notamment dans le végétal. » François Cachot, directeur général de LIS s'est dit quant à lui « très fier d’accueillir sur le site de Cérences cette très belle plate-forme ». La société louera à la journée le pilote à ses clients afin qu'ils puissent tester l'EPT et voir les nombreuses possibilités qu'elle engendre. «Grâce aux moyens combinés des partenaires et au soutien des actionnaires, nous avons pu relocaliser de la R&D dans l'Hexagone. Avec cette vitrine technologique en Normandie, nous espérons des gains en part de marché, en France et à l'international », termine Gilles Maller.