Qualité

Bisphénol A : l’Efsa ne change pas d’avis

4 octobre 2010 - Fanja Razafinjoelina

Les experts de l’Efsa ont confirmé la dose journalière tolérable de 0,05 mg de BPA (bisphénol A) par kilogramme de poids corporel, déjà fixée par l’Efsa en 2006.

Interdit en France dans les biberons depuis mai 2010, le bisphénol A (BPA) est toujours toléré au niveau européen. La Commission Européenne avait appelé l’Efsa à mener une étude pour évaluer la toxicité neurocomportementale du composant chimique. Le groupe CEF, spécialiste des matériaux en contact avec les aliments (ainsi que des enzymes, arômes et auxiliaires technologiques) missionné pour l’étude, n’a pas identifié de nouvel élément probant induisant de revoir la position de l’EFSA. La dose journalière tolérable de 0,05 mg de BPA par kilogramme de poids corporel, fixée par l’Efsa en 2006*, et donc confirmée à ce jour.

Pas d'effet sur l'apprentissage et la mémoire

Trois champs d’investigation ont servi de base au groupe CEF. Il a tout d’abord épluché de façon exhaustive la littérature scientifique existante sur la toxicité du composant chimique. Par ailleurs, l’Efsa a mis sur pied un système de veille des études relatives au BPA.
De cet examen ressort que certaines études épidémiologiques ont évoqué des liens entre l’exposition au BPA, les maladies coronariennes et des troubles de la reproduction. Néanmoins, le groupe souligne que la conception des études ne permet pas de conclure que le BPA est identifié comme cause de ces effets.
Deuxième temps de la recherche, l’analyse de l’étude Stumb réalisée sur des rats et relative à d’éventuels effets neurodéveloppementaux. Les conclusions rapportent que le BPA n’a pas d’effet sur le tissu cérébral, l’activité motrice ou le réflexe de sursaut à un stimulus acoustique. Les auteurs de l’étude certifient que le BPA n’a pas d’effet sur l’apprentissage et la mémoire.

Des lacunes méthodologiques

Cependant, l’évaluation des risques réalisée par le DUT Food Institute (Institut national de l’alimentation de l’université technique du Danemark) et troisième pilier de l’étude, met en évidence des incertitudes concernant les effets sur les capacités d’apprentissage observés chez certains rats à faible dose. Un nouvel examen a été conduit durant l’été 2010. Il pointe des lacunes dans l’analyse des données de l’étude Stumb. L’AMU (unité de méthodologies d’évaluation) a alors été appelée à réaliser une nouvelle étude statistique sur les données. Il confirme que l’étude est peu concluante du fait de variations très importantes dans les résultats.

La France maintient son interdiction

En dépit de conclusions claires sur l’effet du BPA à faible dose, l’UE ne devrait pas modifier sa position. En France, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno affirme, malgré tout, dans un entretien au Figaro du 02 octobre 2010, que la France va maintenir l’interdiction des biberons contenant du BPA. Un engagement partagé avec le Danemark qui interdit également la fabrication et la commercialisation de biberons contenants du BPA.
Au niveau mondial, le Canada, l’Australie et d’autres pays américains partagent cet avis.
En novembre, l’EFSA participera à une consultation d’experts organisée par l’OMS et la FAO sur la sécurité du BPA. Si de nouvelles données utiles sont rendues disponibles à l’avenir, le groupe scientifique pourra reconsidérer l’avis actuel.

* La DJT est une estimation de la quantité d’une substance, exprimée par rapport au poids corporel, qui peut être ingérée pendant toute la durée d’une vie, sans risque pour la santé. A consulter sur le site de l’Efsa : l’avis de relatif au BPA de 2006 a été reconfirmé en 2008.

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