Qualité

Comment sécuriser vos importations en provenance d'Asie

4 mai 2009 - Anne-Katell Mousset

Les données recueillies s’appuient sur les rapports de trois isotopes stables (carbone, azote et oxygène), ce qui permet une discrimination poussée des origines géographiques.

Les industriels présents aux portes ouvertes Eurofins le 23 avril dernier à Nantes se sont montrés très intéressés par l’envers du décor du laboratoire où ils ne font, la plupart du temps, qu’envoyer des échantillons. Traçabilité des analyses, méthodes employées, délais d’obtention de résultats, jusqu’aux horaires du personnel : les questions ont été nombreuses.
Ces portes ouvertes ont aussi été l’occasion de présenter différentes méthodes pour sécuriser les importations en provenance d’Asie. Et en particulier : l’apport des analyses d’isotopes stables pour déterminer l’origine géographique des produits alimentaires et la détection d’OGM.

«Avec 211 essais aux champs en 2006, le potentiel de la Chine de mise sur le marché d’OGM est important » indique Andreas Pardigol, responsable de l’activité « biologie moléculaire » chez Eurofins à Nantes.

Analyse géographique par isotopes stables.Eric Jamin, responsable de l’unité analytique « authenticité » : « Nous pouvons contrôler une origine déclarée ou attendue »
Il est en théorie simple de déterminer l’origine géographique d’un aliment. Les éléments naturels tels que l’hydrogène ou l’oxygène existent sous différentes formes isotopiques. Les rapports isotopiques d’un élément sont caractéristiques de sa zone géographique. A partir de ce principe, et d’une base de donnée bien complète des rapports isotopiques on peut détecter des fraudes à l’origine. La méthode de spectrométrie de masse des rapports isotopiques (IRMS) permet de déterminer par exemple l’origine géographique d’un riz. Les résultats obtenus par cette méthode, comparés avec une base de données regroupant tous les riz d’origines connues du monde entier, permettent de caractériser son origine géographique et donc de détecter les fraudes éventuelles.
Les données recueillies s’appuient sur les rapports de trois isotopes stables (carbone, azote et oxygène), ce qui permet une discrimination poussée comme le montre le graphique.
Eric Jamin, responsable de l’unité analytique « authenticité », a également présenté d’autres exemples où l’analyse géographique de l’aliment était possible comme la différenciation entre des jus d’orange espagnols et brésiliens ou issus de différents vignobles. Tout en soulignant les limites du système : « il est possible dans la plupart des cas de différencier la viande de poulet chinoise et européenne. Une seule exception, les poulets de la région de Hunan Changsha qui présentent un rapport isotopique semblable aux européens. » nuance-t-il.

Andreas Pardigol, responsable de l’activité « biologie moléculaire » : Détection des OGM : l’importance des contrôles

Les chiffres indiqués par Andreas Pardigol lors de sa présentation montrent bien l’importance prise par les cultures OGM dans le monde : « 72% des plants de soja cultivés dans le monde sont des OGM, 23% du mais, 47% du coton et 21% du colza, explique-t-il. Les principaux pays producteurs sont les Etats-Unis, l’Argentine et le Brésil. Mais la Chine possède un potentiel de mise sur le marché d’OGM important avec ses 3,8 millions d’hectares cultivés et ses 211 essais aux champs en 2006 », ajoute-t-il. D’où l’importance de surveiller ses importations, afin de rester en conformité avec la réglementation européenne qui n’autorise qu’une liste réduite de variétés d’OGM en alimentation humaine et animale. « En septembre 2006, on a vu arriver sur le marché européen un riz OGM, le BT63, totalement interdit car inconnu, en provenance de Chine », relate Andreas Pardigol, en guise d’illustration à ses propos sur l’importance d’analyser ses importations.
Le laboratoire de Nantes est équipé en recherche d’OGM connu et inconnus. « Les tests OGM sont très faciles à mettre en place quand l’OGM est déjà recensé. Quand ce n’est pas le cas, la recherche est beaucoup plus hasardeuse, et nécessite de cribler », explique Andreas Pardigol. Quant aux espèces visées par ces contrôles, leurs nombres ne vont cesser de croître : « il y a actuellement des recherches OGM sur des papayes, des courges, des tomates, des ananas. »

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