L’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments estime que l’affichage de la vitamine D3 dans le cadre de l’application de la loi Agec pourrait aggraver l’insuffisance d’apport.

Qualité

L’Anses déconseille d’afficher la vitamine D3 comme perturbateur endocrinien

31 octobre 2022 - Stéphanie PERRAUT

Dans une expertise récente, l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments estime que l’affichage de la vitamine D3 dans le cadre de l’application de la loi Agec pourrait aggraver l’insuffisance des apports en vitamines.

La vitamine D3, ou cholécalciférol, est essentielle au bon fonctionnement de notre organisme et joue un rôle déterminant dans la qualité du tissu osseux. Elle est apportée par l’alimentation (produits laitiers, poissons, œufs) et fabriquée par la peau exposée au soleil. Pourtant, plus d’un Français sur trois ne parvient pas à couvrir ses besoins physiologiques. Or une insuffisance en vitamine D3 expose à des risques connus pour la santé humaine, en particulier en période de croissance. Les services pédiatriques recommandent ainsi une supplémentation systématique des enfants en vitamine D, notamment pour prévenir le rachitisme.

Des atteintes rénales en cas de surdosage

A l’inverse, en cas d’apport trop élevé, l’équilibre endocrinien est perturbé car la vitamine D se comporte comme une hormone. L’Anses rappelle d’ailleurs que des effets graves ont déjà été observés chez l’être humain à l’occasion de surdosages en vitamine D. Suite à la prise de compléments alimentaires enrichis en vitamine D, de jeunes enfants ont développé une hypercalcémie (taux excessif de calcium dans le sang) avec, pour conséquence, des atteintes rénales à type de lithiase / néphrocalcinose (dépôt de calcium dans le rein).

C’est ainsi que le cholécalciferol a été identifié comme un perturbateur endocrinien lors de son évaluation par l’Agence européenne des produits chimiques dans le cadre du règlement biocides UE n°528/2012. L’Anses souligne cependant que les doses de cholécalciferol utilisées dans les produits biocides pour éliminer les rongeurs sont très supérieures aux doses en vitamine D apportées par l’alimentation courante, y compris les aliments enrichis en vitamine D.

Une perception erronée du risque

La loi anti-gaspillage et économie circulaire, dite loi Agec, prévoit d’informer le consommateur de la présence dans un produit de toute substance considérée comme perturbateur endocrinien. A l’issue de son expertise, l’Agence estime que l’identification comme tel du cholécalciférol contribuerait à donner une perception erronée du risque et pourrait détourner certaines personnes de la consommation d’aliments contenant de la vitamine D.
Cet affichage pourrait donc accentuer l’insuffisance de la couverture des besoins nutritionnels en vitamine D. Selon l’étude Inca 3, l’apport alimentaire moyen en vitamine D dans la population française adulte est de 3,1 μg/jour chez les adultes de 18-79 ans, bien en dessous de l’apport satisfaisant établi à 15 μg/jour.

Une situation équivalente pour l’iode

A l’instar de la vitamine D, l’Agence souligne que d’autres nutriments, comme l’iode, sont susceptibles de présenter des effets délétères par perturbation du système endocrinien à fortes doses alors qu’ils sont bénéfiques pour la santé humaine aux doses nutritionnelles. Elle est donc également défavorable au fait de les inclure dans la liste des substances devant faire l’objet d’un affichage pour les produits alimentaires.  
 

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