L’imagerie hyperspectrale serait-elle l’avenir du contrôle qualité en agroalimentaire ? Le CFIA 2021, du 9 au 11 juin au Parc Expo de Rennes Aéroport, va permettre d'en juger. Présentée sur l’espace Usine Agro du Futur, pensé par Bretagne Développement Innovation (BDI) et le pôle de compétitivité Valorial, avec le soutien de la région Bretagne, cette technologie portée par la société française Photon Lines permet d’aller jusqu’à la détermination de la composition chimique d’un objet. « A la différence de la vision traditionnelle qui va associer une caméra à un système d’éclairage et donner un résultat sous forme de niveaux de gris, la caméra hyperspectrale va analyser chaque pixel grâce à la décomposition de la lumière combinée à la vitesse d’acquisition de chaque spectre et à la vitesse de traitement du signal », indique Eric Dréan, p-dg de Photon Lines. Utilisée au départ en astrophysique et dans les industries minières et forestières, la technologie n’avait jusque-là que peu d’applications en agroalimentaire.
Un usage est actuellement en test dans les locaux du spécialiste des tartes sablées Geldelis à Torcé (35). Il s'agit d’aller plus loin dans la maîtrise de la qualité par la détection des corps étrangers. Le projet HS2I s’inscrit dans le cadre d'un financementt européen S3 Food, obtenu sous l'impulsion de BDI. Il rassemble Geldelis, Photon Lines ainsi que First Light Imaging, en charge de fournir un capteur sur le segment spectral proche infrarouge. « La diversité de nos recettes (pâtes prêtes à garnir, différents types de quiches et la multiplicité des ingrédients (farine, sauce, beurre, etc.) augmente considérablement l’exigence qualité », affirme Frédéric Bonnet, responsable industriel de Geldelis.
Des contaminants peuvent par exemple provenir de la façonneuse. L’entreprise est déjà équipée en fin de ligne d’outils de détection aux différents points sensibles de la ligne. « L’idée avec l’imagerie hyperspectrale est de se focaliser sur la sortie de la façonneuse pour détecter en amont toute contamination éventuelle », commente-t-il. Ce qui permet à l’entreprise un gain de productivité et de diminuer les pertes de matières. « Il peut y avoir un laps de temps de trois heures entre la façonneuse et le détecteur de métaux. En cas de problème, cela peut avoir de lourdes conséquences puisqu’il faut bloquer la production, remettre en œuvre du personnel. De plus, cela créé des ruptures clients potentielles. Plus on détecte tôt, moins on perd de matière », poursuit-il.
« L’idée est de développer des calibrations pour une analyse de la pâte et de piloter des dispositifs permettent en temps réel d'en modifier la composition ou encore d'actionner un système d'éjection des corps étrangers », souligne Eric Dréan de Photon Lines. A plus long terme, une autre application pour Geldelis serait de connaître en temps réel les proportions de beurre, farine et d’eau dans ses produits pour renforcer la maîtrise des recettes.
Débuté en septembre 2020, le projet, qui bénéficie d'un financement de 120 k€, devrait se terminer en fin d’année. Photon Lines a déjà reçu des sollicitations de la part d’entreprises agroalimentaires pour la détection de corps étrangers, mais aussi pour suivre la cuisson des gâteaux. « L’imagerie hyperspectrale donne la possibilité de regarder la façon dont un gâteau est cuit sur un temps donné. Ce qui permet de monitorer la cuisson », indique Eric Dréan.
