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Les nanotechnologies face au vide méthodologique
Dans la presse grand public, les nanoparticules sont sous le feu de vives polémiques. Sans réponse pour le moment car sur le plan scientifique, nous n’en sommes qu’au balbutiement. L’absence actuelle de méthodes de détection standardisées pose un problème de fond : l’impossibilité de caractériser et donc d’évaluer les risques pour la santé humaine liés à l’utilisation des nanoparticules dans le secteur alimentaire.
En octobre 2010, le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) et de l’Association des consommateurs européens sur la normalisation (Anec) ont publié un inventaire sur les nanoparticules. Il en ressort que 6 % des produits recensés concernent diverses applications dans le secteur alimentaire : ingrédients, composants permettant l'allègement des emballages ou l'amélioration de leur résistance, etc. Et les champs d’application continuent de s'étendre tandis que les connaissances sur leurs impacts toxicologiques manquent. On sait toutefois que ce modèle nanoparticulaire existe à l’état naturel, comme les micelles de caséine de lait ou les protéines du lactosérum.
Une prochaine obligation de déclaration
La loi n°2010-788 du 12 juillet 2010 - dite du "Grenelle 2" - porte sur l’engagement national pour l’environnement. Dans l’article 185, elle prévoit la mise en place d’un décret relatif à la déclaration annuelle des substances à l’état nanoparticulaire, mises sur le marché. Si ce décret aboutit prochainement, les fabricants, importateurs et distributeurs devront déclarer les quantités et usages de ces substances ainsi que l’identité des utilisateurs professionnels. Cette réglementation a pour objectif d’apporter davantage de transparence en termes de traçabilité et d’information. « Elle induit une meilleure caractérisation des nanoparticules manufacturées et donc la mise en place de méthodes standardisées spécifiques aux nanos, pour les analyser, explique Alain Mimouni, directeur Innovation et valorisation au CTCPA Paris. Aujourd’hui, tous les laboratoires utilisent des protocoles internes non validés au sens communautaire du terme, ce qui rend difficile la comparaison et l’interprétation de certains résultats. »