L’Anses a élaboré une méthode spécifique d’évaluation du risque lié aux nanomatériaux dans les produits alimentaires, éditée un nouveau guide technique.

Une méthodologie pour évaluer les risques sanitaires des nanomatériaux dans l’alimentation

10 janvier 2022 - maria guillon

L’Anses a élaboré une méthode spécifique d’évaluation du risque lié aux nanomatériaux dans les produits alimentaires, publiée dans un nouveau guide technique.

De nombreux nanomatériaux sont présents dans notre alimentation. Ils peuvent améliorer l’aspect d’un produit alimentaire, son conditionnement ou sa teneur nutritive. Toutefois, leurs impacts sur la santé soulèvent de nombreuses questions. Exemple du dioxyde de titane, longtemps utilisé comme additif alimentaire (E171), interdit depuis le 1er janvier dans l’Union européenne. Pour aider les professionnels à évaluer les risques que représentent les nanomatériaux dans l’alimentation, l’Anses a développé une méthode d’évaluation spécifique publiée dans un guide scientifique et technique.

Une évaluation du risque « nanospécifique »

Une approche standard ne suffit pas. « Les nanomatériaux doivent faire l’objet d’une approche d’évaluation du risque « nanospécifique » en raison de leur complexité, de leurs propriétés et de leurs comportements, explique Bruno Teste, coordinateur scientifique à l’Anses. Par exemple, les nanomatériaux interagissent facilement avec d’autres substances, ce qui peut modifier leur stabilité et leur devenir dans l’organisme. » En 2018, l’Efsa avait publié un premier guide sur le sujet. Aujourd’hui, ce guide va plus loin et détaille l’ensemble des éléments relatifs aux notions de caractérisation physico-chimique, de dissolution, d’exposition, d’identification et de caractérisation du danger devant être considérés pour l’évaluation du risque liée à la présence de nanomatériaux dans la chaîne alimentaire humaine et animale. Une définition des nanomatériaux est aussi donnée.

Définition du terme « nanomatériau manufacturé »

La coexistence de définitions hétérogènes d’un nanomatériau au sein des réglementations sectorielles existantes (CE n°258/971 , UE n°1169/20112 , UE n°10/20113 , etc.) contribuait à entretenir des confusions. Le groupe de travail « nano et alimentation » a donc établi une qualification du terme « nanomatériau manufacturé » (partie 3.1) afin de préciser le champ de l’analyse. Il s’agit ainsi d’un « matériau de nature organique, inorganique ou composite, produit par l’Homme à des fins applicatives et composé en tout ou partie de particules constitutives présentant au moins une dimension comprise entre 1 et 100 nm (nano-échelle) ». 

Une méthodologie à tester sur le dioxyde de titane

Dans un premier temps, cette méthodologie sera testée sur des nanomatériaux manufacturés préalablement identifiés dans la première phase de l’expertise, comme le dioxyde de titane, nanomatériau pour lequel les données relatives à l’exposition et au danger sont les plus documentées. Cette démarche permettrait de mener une évaluation de risque complète pour un nanomatériau utilisé en usage alimentaire.

De nouvelles études nécessaires avant l’évaluation des risques

L’Anses rappelle la nécessité de conduire dès que possible des études de caractérisations physico-chimiques - mesure de la taille et distribution granulométrique - pour ces substances via la microscopie électronique. « Cette technique est celle présentant le moins d’artéfacts de préparation et d’hypothèses dans le traitement des résultats, explique l’Anses. Elle est donc la plus adaptée et la plus robuste pour déterminer dans l’absolu la taille et la morphologie de ces particules ». Le groupe de travail recommande de coupler systématiquement les observations en microscopie électronique avec de l’analyse dispersive en énergie (EDX9) afin de limiter l’observation d’artefacts (exemple : nanomatériaux autres que celui d’intérêt).

L’Agence souligne encore le besoin de standardiser les conditions d’essais pour la caractérisation physico-chimique, mais aussi les calculs d’expositions et les études toxicologiques. Tant que l’innocuité de chaque nanomatériau n’a pu être démontrée, il faut enfin rappeler la nécessité de limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement aux nanomatériaux et de favoriser l’utilisation d’alternatives équivalentes en termes de fonction, d’efficacité et de coût.

 

Définition

Nanomatériau manufacturé  (déf.) : matériau de nature organique, inorganique ou composite, produit par l’Homme à des fins applicatives et composé en tout ou partie de particules constitutives présentant au moins une dimension comprise entre 1 et 100 nm (nano-échelle). Les dimensions des particules constitutives peuvent être supérieures à 100 nm si ces dernières présentent une surface spécifique importante ou des propriétés propres à la nano-échelle. Les particules constitutives peuvent se retrouver sous la forme d’agrégats ou d’agglomérats dont les dimensions peuvent être largement supérieures à la nano-échelle. Les matériaux pour lesquels la fraction nanométrique n’aurait pas été produite intentionnellement au cours des processus de fabrication rentrent dans le cadre de cette qualification

 

 

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