C’est peu dire que la thématique de l’agroalimentaire aura été quasiment absente du traditionnel débat de l’entre-deux tours qui a opposé Emmanuel Macron à Marine Le Pen ce mercredi 19 avril. C’était plutôt prévisible, sachant que cette passe d’armes télévisée, qui a réuni près de 15,6 millions de téléspectateurs, s’adressait essentiellement au grand public.
L’industrie agroalimentaire attendait les deux candidats au tournant. Par la voix de son président Jean-Philippe André, l’Ania (Association nationale des industries agroalimentaires) avait appelé à « une reconnaissance et un soutien sans faille de la part des candidats à la présidentielle qui espèrent demain diriger le pays ».
Interviewé sur RMC la semaine précédant le débat, Jean-Philippe André avait mis sur la table l’une des thématiques fortes de cette campagne, le pouvoir d’achat : « Si on veut une alimentation de haute qualité, il faut la payer et il ne faut mélanger cela à la capacité à acheter. Beaucoup de Français souffrent par rapport à leur capacité de se nourrir correctement et la piste du chèque alimentaire est quelque chose qu’il faut approfondir ».
Le pouvoir d’achat, sujet phare
Mercredi soir, à quatre jours du scrutin, le pouvoir d’achat a bel et bien été le sujet phare de l’ouverture du débat. Emmanuel Macron a défendu son bouclier énergétique actuel « pour bloquer les prix sur l’électricité et le gaz aussi longtemps que la crise est là », ainsi que son projet de chèque alimentaire.
De son côté, Marine Le Pen a préconisé une baisse de la TVA de 20 à 5,5% sur l’énergie (carburant, gaz et fioul) et la mise en place d’une suppression temporaire de TVA sur un panier de produits de première nécessité. « C’est 12 milliards d’euros que je vais rendre aux Français », a affirmé la candidate du Rassemblement National.
Climato-sceptique versus climato-hypocrite
Plus tard, les deux prétendants à l’Elysée se sont écharpés au sujet de l’énergie et de la transition écologique. Emmanuel Macron a accusé son adversaire d’être « climato-sceptique », critiquant sa stratégie du « tout-nucléaire » et son projet de démanteler les éoliennes. Ce à quoi Marine Le Pen a répondu qu’Emmanuel Macron était un « climato-hypocrite », l’accusant de défendre « une écologie punitive, d’une grande violence pour les classes moyennes et les classes modestes ».
Europe et alimentation
Les deux finalistes à l’élection présidentielle ont quand même eu un échange sur l’alimentation et l’agriculture, remises dans le contexte européen. Emmanuel Macron, qui défendait l’idée qu’une souveraineté nationale et européenne se complètent, a déclaré :
« C’est par l’Europe qu’on sera plus indépendants pour notre énergie, pour notre technologie, pour notre défense, pour notre agroalimentaire. Et parler d’Europe, c’est parler aussi de nos agriculteurs, qui savent ô combien l’Europe est importante pour eux, puisque la PAC les aide à vivre, à évoluer, à faire avancer cette nouvelle révolution qu’à leurs côtés nous conduisons. »
Quant à Marine Le Pen, fidèle à son programme, elle a critiqué la stratégie agricole européenne défendue par son adversaire :
« Je suis opposée à la politique que vous avez soutenu de la Ferme à la Fourchette qui vise à baisser de 10 à 20% la production agricole européenne au moment où le monde est en train de faire face à une crise alimentaire qui va voir un certain nombre de pays probablement être victimes d’émeutes de la faim. »