Poussée par un contexte réglementaire qui se durcit et par la prise de conscience environnementale à l’œuvre dans la société, l’industrie agroalimentaire s’engage massivement dans des démarches de décarbonation de ses activités. Pour mener à bien un tel projet, la méthodologie repose sur cinq piliers : réduire, récupérer, substituer, produire en local (énergies renouvelables) et compenser. Détails avec Guillaume Lelong, responsable innovation et grands projets chez EDF.

1. Réduire. « Le premier sujet reste celui que l’on traite depuis des années : la performance énergétique », affirme Guillaume Lelong. L’enjeu est de limiter ses consommations d’énergies. Il ne s’agit pas ici uniquement d’acheter des équipements performants. « Il ne faut pas avoir peur de requestionner des procédures existantes : de quelle température ai-je réellement besoin ? Est-ce que je peux bouger ma consigne quitte à allonger un peu mon temps de traitement ? », conseille-t-il. Une stratégie qu’a illustré La Compagnie des Pêches Saint Malo, lors de la webconférence du 22 juin.
2. Récupérer. La deuxième étape consiste à croiser les flux et à récupérer au maximum. « Au sein même d’un site et pourquoi pas aussi en élargissant le périmètre sur l’environnement géographique », complète Guillaume Lelong. Lauréat 2020 du prix Energ’IAA, La Normandise illustre à la perfection cette démarche ouverte. L’usine valorise les calories issues de la stérilisation pour alimenter un site de méthanisation.
3. Substituer. Il s’agit ici d’opter pour des sources d’énergie renouvelables, comme le photovoltaïque, le solaire thermique ou encore la chaleur par biomasse.
4. Produire en local. La société Triballat-Noyal, qui a témoigné lors de la webconférence, illustre cette étape de la démarche. Elle dispose d’une chaudière biomasse, de panneaux photovoltaïques, d’une éolienne et continue de fourmiller de projets.
5. Compenser. Au terme de la réflexion, il reste des opportunités « contractuelles » qui consistent à acheter de l’énergie verte ou à utiliser des mécanismes de compensation. « Neutralité carbone ne veut pas dire que je n’émets plus du tout de carbone. Sinon, on arrête de produire. La neutralité carbone veut dire que je n’émets que ce mon environnement peut absorber », précise Guillaume Lelong. Encore peu connus, les PPA (Power purchase agreements) sont l’un de ces dispositifs, telle que l'a détaillé Christopher Darguence, directeur commercial d'Agregio.