Logistique : suite au bad buzz, STEF et STG suspendent leurs augmentations de tarifs
Plutôt malvenus en cette période de crise, les courriers des dirigeants des sociétés de transport STEF et STG annonçant des hausses de tarifs de 8,5 % et 8,75 % ont enflammé le secteur agroalimentaire. Un bad buzz qui a contraint les deux sociétés à faire machine arrière.
« Honteux, scandaleux, inacceptable ». Les qualificatifs ne manquaient pas depuis le 23 mars, date à laquelle le logisticien STEF a envoyé un courrier à tous ses clients pour leur signifier une augmentation de 8,5 % de leurs tarifs de base. Sans négociation préalable. Les réseaux sociaux se sont emballés et même déchaînés. « Incroyable!!!! En pleine crise du Coronavirus, la STEF en profite pour augmenter ses tarifs de transport de 8,5%, rétroactivement au 17 mars 2020 ! Où est la solidarité envers la Nation ? Au moment où tant d’entreprises vont rencontrer des difficultés», indiquait par exemple Olivier Meloyia, gérant des pâtes Lanza. Le groupe STG, dans le même temps, faisait passer une hausse de 8,75 %.
Le groupe STEF regrette et "sursoit"
L’emballement médiatique, la menace de certains industriels de trouver d’autres alternatives ou de refuser purement et simplement cette hausse ainsi que les recours entamés par certaines organisations professionnelles pour démontrer l'illégalité de cette « taxe » ont eu raison de l’initiative. Dès hier, mercredi 25 mars, Marc Vettard, directeur général délégué du groupe STEF a décidé de « surseoir à cette mesure, au nom de l’histoire commune qui unie le groupe au secteur agroalimentaire ». Dans un courrier, il indique ainsi : « Nous avons entendu toutes vos réactions ces dernières 24 heures. Nous comprenons ce que notre annonce a pu susciter chez chacun d’entre vous. Nous le regrettons profondément et sincèrement. » Avant d’ajouter : « Cette décision ne cache pas la réalité à laquelle nous sommes confrontés et les surcoûts extrêmement lourds que nous supportons actuellement pour assurer un service identique à celui que vous connaissez habituellement. La crise que nous vivons révèle plus que jamais les difficultés du modèle économique de tout le secteur de la supply-chain. »
La STG reconnaît sa maladresse et "suspend"
Dans la foulée, le transporteur STG a également « suspendu » la contribution exceptionnelle exigée la veille à ses clients. « Nous reconnaissons notre maladresse. Il n’en reste pas moins que le contexte économique dans lequel nous évoluons aujourd’hui est fortement dégradé et nous devons prendre en compte des contraintes additionnelles multiples qui accroissent nos prix de revient : temps d’attente augmentés, kilomètres à vide, exposition de nos collaborateurs, etc. » En matière d’expositions, l’industrie agroalimentaire étant, elle-même, exposée au premier chef, pas certains que ces arguments fassent mouche.
Nul doute que cette crise dans la crise ne restera pas sans effet. L’heure n’est pas au bilan. Mais certains réfléchissent déjà à une nouvelle organisation qui pourrait inverser le rapport de force entre industriels et transporteurs/logisticiens. A l’image du président de l’IFBD qui soumet cette idée : « Créons une coopérative pour avoir la capacité de négocier: nos partenaires distributeurs le font pour les très gros fournisseurs, pourquoi ne pas faire la somme de nos achats chez ces prestataires de service de transport et acheter en gros et ensemble les kilomètres de transport? ».