Sauver la Ferme France ! Telle est l’ambition des 56 signataires du manifeste présenté le 11 décembre dernier lors d’un colloque organisé à l’Assemblée Nationale par le député de la Creuse Jean-Baptise Moreau. Comment s’y prendre ? En partant à la reconquête du marché intérieur. Et plutôt que de réitérer des mécanismes politiques trop complexes pour être efficients, l’idée est de donner au consommateur la liberté de faire ses choix. « Ce qui passe par une meilleure information sur l’origine des produits », martèle Olivier Dauvers, qui a réalisé un travail de fourmi pour réunir les signataires, armé de sa force de frappe sur les réseaux sociaux avec le hashtag #balancetonorigine.
Mercredi dernier, tous les acteurs présents ont fait la démonstration de leur volontarisme. Et plus important encore de leur accord pour lancer une discussion collective. En somme, le top départ du chantier pour une meilleure indication de l’origine sur les produits alimentaires a été donné.
Le manifeste a été signé par tous les distributeurs, Leclerc, Intermarché et les enseignes de la Fédération du Commerce et de la distribution. « Nous souhaitons participer activement à cette démarche d’envergure, à l’élaboration d’une méthodologie relative à la symétrie des origines et à la détermination d’un calendrier de mise en oeuvre », indique la FCD dans un communiqué.
Le « oui, mais » de l’Ania
Du côté des industriels, Bel France, Cooperl, Hénaff, LDC, LSDH ou encore Nestlé Céréales France font partie des primo-signataires du manifeste. « Il est important que les consommateurs sachent qu’en achetant nos produits, ils soutiennent des agriculteurs qui sont acteurs du changement », déclare Nicolas Delteil, directeur général de la filiale de Nestlé. Mais la réaction la plus attendue était bien celle de l’Ania, via sa directrice Catherine Chapalain. L’association porte-parole de l’industrie agroalimentaire appelle à une concertation de tous les acteurs afin de prendre en compte les attentes des consommateurs, ainsi que la réalité des marchés agroalimentaires. Elle rappelle que les entreprises agroalimentaires françaises transforment 70 % de la matière agricole nationale et qu’elles privilégient l’approvisionnement en produits d’origine France. Mais elle souhaite aussi que le sujet ne soit pas envisagé uniquement par le prisme de l’étiquetage. « Il faut se poser la question de la structuration des filières agricoles françaises », dit-elle prenant l’exemple des tomates industrielles, une filière qui n’existe plus en France. C’est pourquoi l’Ania appelle à la réalisation d’un état des lieux préalable, filière par filière, pour identifier les marges de progrès, ainsi que les freins et leviers pour toutes les matières premières. « Ce qui changera les choses, c’est le résultat des engagements quotidiens de tous les acteurs de la chaîne, avec une concertation pour des engagements sérieux, documentés et planifiés », déclare Richard Girardot, président de l’Ania.
Pour Olivier Dauvers, qui a conclu la journée, la balle est dans le camp des professionnels. L’heure est à la constitution d’un groupe de travail et à la sollicitation d’un organisme tierce-partie susceptible de coordonner la démarche. « L’enjeu est de produire une « soft law », à l’initiative des professionnels avant que les Pouvoirs publics s’en emparent », indique-t-il.
Pour élaborer un dispositif d’étiquetage collectif, le Franco-Score d’Intermarché, tout comme l’étiquetage lancé par Leclerc, pourront être des sources d’inspiration. Tout comme les travaux de l’organisation Ferme France, qui va dévoiler en février les avancées pour l’étiquetage d’une notation des performances sociétales.