L’innovation digitale porte encore souvent une part de rêve voire de science-fiction éloignée des préoccupations quotidiennes des ateliers. C’est tout le contraire qu’a voulu illustrer Vif sur l’espace « Innovation » des journées Agrovif 2019. « Plutôt que de la prospective, nous avons souhaité cette année mettre en avant des technologies certes innovantes mais déjà disponibles. Du concret ! », réagit Eric Delorme, responsable innovation lab. Les 18 et 19 juin derniers, l’éditeur de logiciel de gestion d’entreprise s’est ainsi entouré de partenaires proposant des solutions « bien réelles » visant la protection des opérateurs, le suivi temps réel de la fabrication ou encore l’amélioration de la productivité.
1. Protéger les opérateurs
Sur Agrovif 2019, Sick a présenté plusieurs solutions assurant la sécurité des opérateurs au contact de machines. Comme sur la ligne de démonstration imaginée par Vif pour automatiser le intégrant une cellule robotique Stäubli assurant la réalisation d’un contrôle de qualité en ligne. « L’actionneur prélève une boîte sur la ligne en défilement et la déplace vers un poste de pesée. Cette opération est effectuée à la demande de l’opérateur sur l’interface Vif MES Performance », explique Eric Delorme.
Le fonctionnement de l’ensemble est sécurisé par des barrières immatérielles et un scrutateur MicroScan 3. Le logiciel intégré Safety Designer permet de configurer l’appareil de manière intuitive et de le mettre en service facilement. Plusieurs champs de protection peuvent être définis pour une réaction graduelle de la machine (ralentissement puis arrêt). L’état de fonctionnement peut être interrogé via le réseau ou l’écran multicolore.
Autre solution Sick présentée, le SIG100 (Sensor integration gateway) est un répartiteur IO-Link qui facilite la saisir et l’observation de signaux numériques. Des décisions peuvent être prises en locales puis envoyées via IO-Link à un appareil maître. Un éditeur logique permet de créer un système de détection autonome, exploitable indépendamment de la commande centrale.
La société Moovency, fondée en novembre 2018, a développé la technologie Kimea qui quantifie le risque de troubles muscolo-squelettiques à partir d’une caméra de profondeur (Kinect, comme celle utilisée pour les jeux vidéo). Ceci évite de recourir à des capteurs qui peuvent entraver le mouvement naturel. La solution mesure les angles articulaires des membres supérieurs, du cou et du tronc pour effectuer une cotation du risque d’après la grille Rula (Rapid upper limb assessment). En industrie agroalimentaire, l’environnement de capture est complexe et le champ visuel peut être partiellement obstrué. Un algorithme spécifique, développé avec des ergonomes, améliore la précision de la captation. « Nous proposons aussi des prestations outillées avec des ergonomes pour les petites structures qui ne disposent pas de l’expertise en interne », ajoute Pierre Plantard, co-fondateur.
2. Suivre en temps réel
Capteurs connectés, géolocalisation indoor (en intérieur) et réalité augmentée permettent de suivre les produits, les équipements et les opérateurs en s’appuyant sur des informations pertinentes et réactives. « En matière de réalité augmentée, nous travaillons à l’enrichissement des données. L’enjeu est d’en présenter davantage et de manière personnalisée à l’opérateur », annonce Eric Delorme, responsable innovation lab Vif. Les logiciels de l’éditeur peuvent par exemple récupérer des données de géolocalisation ou de température pendant le transport, des solutions présentées sur Agrovif respectivement par Timcod et JRI.
Les capteurs connectés Nano Spy de JRI mesurent la température et l’humidité dans les réfrigérateurs, congélateurs ou autres enceintes thermostatiques. Les données sont enregistrées puis envoyées via une communication sécurisée en 2,4 GHz à un modem installé à proximité. Le bandeau lumineux de ce dernier change de couleur en fonction du statut du capteur. Les capteurs Lora Spy mesurent quant à eux la température, l’humidité, la teneur en gaz, la pression ou encore l’ouverture de porte. Ils communiquent via le réseau longue portée Lorawan. Les données peuvent être hébergées sur la plate-forme MySirius, en cloud ou sur un serveur local.
Intégrateur de solutions informatique mobile, Timcod a présenté une application de géolocalisation indoor. « Le grand chapiteau d’Agrovif a été modélisé en 2D pour être affiché sur un écran. Je porte un bracelet et ma localisation est visualisée en temps réel sur le plan », explique Eric Delorme. Ce type de solution est également utilisé pour de la gestion de flotte d’équipements mobiles, pour de l’identification de personnes et de biens ou encore pour du geotracking (un suivi spatial des mouvements).
3. Améliorer la productivité
Déjà présent lors de l’édition 2018 d’Agrovif, Proglove revient avec la nouvelle génération de son système de scanner sur gant. Baptisé Mark 2, l’appareil se distingue de son prédécesseur par sa taille et son poids réduits. La distance de lecture des codes à barres a quant à elle été augmentée pour atteindre 30 à 150 cm en fonction de la taille du code. L’opérateur dispose en temps réel d’un retour optique, haptique et acoustique. « Le gros avantage de Mark 2 réside dans sa capacité de communiquer par liaison Bluetooth vers un smartphone, une tablette ou une montre connectée », analyse Eric Delorme. Avec une autonomie portée à 15 h.
Synonyme de « haute cadence », la robotique est au cœur des enjeux de productivité des ateliers. En agroalimentaire, la proximité avec les opérateurs nécessite la mise en œuvre de mesures spécifiques de sécurité voire de technologies innovantes. « Depuis plusieurs années, nous mettions en avant les solutions cobotiques. Elles peuvent constituer des solutions pertinentes pour l’automatisation de tâches manuelles, complexes ou pénibles. Leur point faible, en comparaison à la robotique plus classique, est leur faible cadence de fonctionnement », explique Eric Delorme. Pour répondre en partie à cette problématique, Stäubli a développé une gamme de robots intégrant nativement des fonctions évoluées de sécurité. Le tout étant capable de fonctionner à haute cadence. « Nous parlons de robotique coopérative plutôt que collaborative », précise le roboticien.