Qualité
Détection des espèces : quelles méthodes à disposition ?
C’est un test de détection qui a mis le feu à l’Europe. En janvier, la chaîne de distribution britannique Tesco annonce retirer de la vente ses steaks hachés premier prix. Le problème ? En réalisant des auto-contrôles le distributeur a trouvé jusqu’à 36% de viande de cheval –et des traces de porcs- dans ses produits étiquetés pur bœuf. Au-delà du choc des consommateurs -dans un pays où la consommation de viande chevaline est un tabou- il s’agit bien d’une fraude. Suite à cette affaire, les auto-contrôles s’enchaînent. C’est ensuite Findus qui tire la sonnette d’alarme une deuxième fois et met la lumière sur le volet français de l’affaire, à savoir la chaîne abattoir Roumain/Trader néerlandais/Spanghero/Comigel qui aurait aboutit à la mise sur le marché de lasagnes à la viande de cheval pour Findus mais également pour de nombreuses marques de distributeurs. Depuis, d’autres fabricants ont été mis en cause, tendant à prouver que cette fraude s’est diffusée largement.
Pour rassurer les consommateurs, c’est donc aux fabricants de mettre les moyens pour s’assurer de la nature de leurs produits. Du côté des laboratoires d’analyses, on s’active.
Les tests ADN
Tous travaillent sur des méthodes ADN « qui permettent une excellente détection, même sur les produits transformés », note Jean-Philippe Coton, directeur général d’Histalim.
Eurofins a ainsi annoncé avoir augmenté ses capacités analytiques pour soutenir l'industrie agro-alimentaire en réponse au scandale de la viande de cheval avec son service de traçabilité génétique Analytical Traceability. Eurofins travaille par méthode PCR temps réel et séquençage haut débit. Cette méthode permet de fournir des résultats d'analyse validés dans un délai de 48 heures. Il est également possible d'identifier sur le même échantillon d'autres espèces animales susceptibles d'être présentes dans la viande ou de détecter des résidus de produits pharmaceutiques, chimiques ou encore des métaux lourds.
SGS propose également des analyses en laboratoire permettent l’identification d’espèce (porc, bœuf, cheval, canard, dinde, poulet..) et la détection de résidus médicamenteux (phénylbutazone notamment).
Histalim propose, grâce à une détection par puces à ADN, la détection de 7 espèces en une analyse (bœuf, cheval, porc, poulet, dinde, mouton, chèvre). « Nous proposons cette méthode depuis environ 2 ans, explique Jean-Philippe Coton. Ce qui nous permet d’avoir du recul sur l’analyse et d’avoir validé notre méthode suivant le type de matrice. Les process comme la cuisson peuvent dénaturer partiellement l’ADN, la sensibilité n’est donc pas tout à fait la même sur un produit appertisé ».
Mérieux NutriSciences réalise ce type d’analyse dans deux laboratoires, un en France (Nantes) et l'autre en Italie (Resana). L’entreprise peut également tester la présence de résidus médicamenteux (phénylbutazone notamment) ou de métaux lourds (cadmium) qui peuvent avoir des conséquences graves sur la santé humaine.
Ampligène, laboratoire du groupe Carso est également en mesure de fournir des résultats d’identification d’espèces, tout comme les laboratoires Phylogène, Idac, Wessling ou encore Qualtech.
Les kits Elisa
Pour les industriels disposant d’un laboratoire interne, il existe également des tests de détection de type Elisa. Moins sensibles (1% contre 0,1% en PCR), ils ont l’avantage d’être plus rapides et de pouvoir être réalisés en interne. « Les protocoles de référence des fraudes allemandes et américaines pour la détection d’espèces se basent sur les kits Elisa, explique Sylvain Enguehard de la société Novakits. Ce sont des tests qui ont l’avantage d’être accessibles (- de 10 euros par test en moyenne), et permettent donc de multiplier les points de contrôle ».
Neogen propose également des kits Elisa de détection d’espèces, les kits F.A.S.T permettant une analyse qualitative et disponibles pour les espèces vache, cheval, porc, volaille et mouton.
Pour tous les laboratoires et les fournisseurs de tests, c’est actuellement le rush. Face à cette situation inédite, les industriels ont besoin de s’assurer rapidement de la qualité de leur matière première. Mais une fois la crise passée, il faudra bien entendu inclure ces nouveaux tests dans les plans de contrôles, et de façon intelligente.