Certification

IFS et SQF ouvrent une nouvelle voie aux exportateurs européens

28 avril 2008 - Josselin Moreau

Alexander Rogge, directeur IFS"La coopération entre les deux référentiels IFS et SQF permettra aux industriels agroalimentaires européens certifiés IFS d’exporter leurs produits vers le marché américain"

La convergence des exigences des distributeurs en matière de certification en sécurité des aliments progresse d’un cran au niveau mondial ! L’annonce de la coopération entre les référentiels franco-italo-allemand IFS (International Food Standard) et américain SQF (Safe Quality Food) a été faite lors de la conférence organisé par la GFSI (Global Food Safety Initiative) à Amsterdam les 13 et 14 février derniers. Quelques jours auparavant, Walmart était le premier distributeur américain à annoncer la reconnaissance des certifications reconnues par la GFSI (IFS, BRC, Dutch HACCP et SQF). Au 1er juillet 2009, tous les fournisseurs du géant américain – qui possède notamment Asda au Royaume-Uni et Seiyu au Japon - devront être certifiés selon un des ces référentiels.

Marché en pleine évolution

En annonçant son rapprochement avec SQF dont la prochaine version devrait sortir prochainement, IFS souhaite pouvoir définir des exigences communes de certification. Ceci permettra aux adhérents européens d’exporter leurs produits outre-Atlantique sur la base d’audits combinés et d’une grille d’évaluation commune. En attendant, Alexander Rogge, directeur d’IFS, détaille ce projet de coopération pour Processalimentaire.com.

Processalimentaire.com : Vous vous êtes rendu à Washington début avril pour rencontrer les dirigeants de SQF. Quels sont les principaux écarts que vous avez pu pointer entre les référentiels IFS et SQF ?Alexander Rogge : « Lors de nos réunions de travail avec l’équipe SQF, nous avons remarqué des décalages importants au niveau de la notion même d’audit. Ceux réalisés aux États-Unis ressemblent pour le moment plus à des inspections – avec des grilles à remplir par l’auditeur – qu’à des véritables audits réalisés par des organismes accrédités en vue de délivrer des certifications de process ou de produits. Les notions d’analyses des risques et d’amélioration continue sont peu développées pour le moment dans le référentiel SQF. »

Processalimentaire.com : Quelles sont les actions communes qui seront mises en place pour permettre un rapprochement ?Alexander Rogge : « Nous avons tout d’abord un travail important d’explication du fonctionnement de SQF au niveau européen. Par exemple, l’application de l’HACCP n’est pas obligatoire aux États-Unis alors qu’elle est réglementaire dans l’Union Européenne. Des conférences communes sont donc prévues dans les mois qui viennent, notamment sur les salons professionnels internationaux comme le SIAL. Nous aurons aussi à expliquer aux industriels, aux distributeurs et aux services fédéraux américains les deux certifications pour permettre leur acceptation. C’est déjà le cas pour Walmart qui vient d’annoncer ces exigences à l’horizon 2009 mais beaucoup d’autres acteurs américains ne connaissent pas encore la démarche IFS et GFSI.
Nos deux organismes devront enfin travailler sur la qualification des auditeurs, leur formation et leur évaluation. Actuellement, l’examen des auditeurs SQF n’est pas satisfaisant au regard des exigences demandées par l’IFS. Ceci débutera par la création modules de formation combinés IFS-SQF dès la publication de la nouvelle version du référentiel SQF. »

Processalimentaire.com : Quelle sera la conséquence de ce rapprochement sur les certifiés IFS ?Alexander Rogge : « Très concrètement, nous espérons que ce système de coopération entre nos deux référentiels permettra aux industriels agroalimentaires européens d’exporter leurs produits vers le marché américain en étant simplement certifiés IFS ou, éventuellement, grâce à un audit combiné IFS/SQF réalisé avec une grille d’évaluation commune. Pour intégrer la notion de sécurisation des aliments en terme de « bioterrorisme » exigée pour l’importation des produits sur le marché américain, nous allons mettre en place un module complémentaire et optionnel validé par le groupe de travail international IFS. Le module est en cours de rédaction et devrait être disponible dès le mois prochain. Nous devrions également publier un guide d’application et d’interprétation des réglementations européenne et américaine pour expliquer aux auditeurs les différentes exigences en fonction des marchés visés, par exemple en terme de traçabilité et d’étiquetage des OGM. »

Processalimentaire.com : La mise en place d’une base de données commune des rapports d’audit et des certificats est-elle en projet ?Alexander Rogge : « C’est en effet une des orientations que cette coopération devrait impliquer à terme. Mais la mise en place d’un tel outil sera progressive et ne pourra se faire que si les informations rentrées par SQF sont exhaustives et convenablement protégées. »

REPÈRES

IFS est le référentiel de sécurité des aliments propriété des distributeurs allemands, français et italiens. Plus de 8500 certificats sont délivrés par an en Allemagne, France, Italie mais aussi en Suisse, Espagne, Autriche...
De son côté, SQF est le référentiel de sécurité des aliments détenu par le Food Marketing Institute, aux États-Unis. Avec plus de 8000 certificats par an, SQF commence à devenir un sésame pour exporter sur le marché américain. Cependant, il y a peu de certificats sur les sites de production américains qui ont encore beaucoup d’inspections individuelles.

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