Quels sont les facteurs de risque d’infections sporadiques par des maladies d’origine alimentaire ? Dans un numéro spécial de la revue Microbial Risk Analysis, les scientifiques ont fait la synthèse des résultats de 673 études épidémiologiques publiées avant mai 2017 sur ces facteurs de risque. Menés en collaboration avec l’Institut polytechnique de Bragance au Portugal, ces travaux se basent notamment sur des études de l’Anses. Les facteurs de risques de onze maladies transmissibles par les aliments ont été passés en revue : cinq provoquées par des bactéries pathogènes (salmonellose, campylobactériose, infections liées aux E.coli shigatoxiques, listeriose, yersiniose), trois sont d’origine virale (causées par les norovirus, hépatites A et E), tandis que trois sont transmises par des parasites (toxoplasmose, giardiase et cryptosporidiose).
L’objectif de cette synthèse est d’orienter les actions préventives et la surveillance de ces maladies. Ainsi, les scientifiques mettent en exergue des facteurs d’exposition autres que les aliments et les bonnes pratiques de préparation des repas. Il s’agit par exemple de la transmission interhumaine, le contact avec des animaux ou encore l’environnement.
Les études ont permis d’identifier les facteurs de risque les plus importants pour chaque pathogène, et cela en fonction des catégories de population. Pour Salmonella par exemple, les principaux facteurs de risque de contamination sont la consommation d’œuf et de viandes dans la population générales. Pour les enfants en revanche, il s’agirait davantage des contacts entre les personnes qui seraient à l'origine d'une contamination. Pour Listeria, les travaux pointent du doigt l’exposition aux denrées prêtes à être consommées, aux produits de la mer ainsi qu’aux viandes élaborées. Ils soulignent également l’implication des fruits et légumes dans de récentes épidémies.
De nouvelles voies d'exposition alimentaire
La synthèse montre également que certaines voies d’exposition n’ont pas encore été signalées en France. Dans le cas de la campylobactériose par exemple, la consommation d’œufs ou d’aliments à base d’œufs insuffisamment cuits a été mise en avant, tout comme l’identification de la viande de volaille comme source d’infection par des E.coli productrices de shigatoxines. « Ces données mériteraient d’être confirmées par des études spécifiques », indique l’Anses.
A noter que cette synthèse a servi de base à l’avis et au rapport de l’Anses sur l’attribution des sources des maladies infectieuses d’origine alimentaire. Le but est de déterminer l’importance relative des différentes voies de transmission et des catégories d’aliments à l’origine des maladies infectieuses d’origine alimentaire, afin d’orienter les actions visant à réduire leur incidence. A terme, ces travaux pourront orienter de futures études épidémiologiques en France, pour confirmer les facteurs de risque identifiés. Ils serviront également de base pour les recommandations de santé publique sur les aliments et les pratiques à risque.