Qualité

Un capteur pour détecter la viande altérée

4 mai 2015 - Marjolaine Cérou

Des chercheurs américains ont développé un capteur pour détecter les amines biogènes émises lors de la putréfaction de la viande.

Voilà une idée que le député Guillaume Garot aurait pu reprendre dans son rapport sur le gaspillage alimentaire : une équipe de chercheurs américains de l'Institut de technologie du Massachussetts (MIT) a mis au point un capteur pour améliorer la maîtrise de l'altération de la viande. « Nous avons tendance à jeter des produits qui ne sont pas nécessairement périmés. Notre objectif ici est double : limiter le gaspillage, avec un capteur donnant une information en temps réel sur la qualité de la viande, et éviter toute intoxication liée à la consommation de denrée impropre à la consommation », indique Timothy Swager, professeur de chimie au sein du MIT.

Détecter la cadavérine et la putrescine, émises lors de la décomposition de la viande

Composé de nanotubes de carbone auxquels sont greffés par liaison covalente des groupements chimiques, ce capteur va permettre de détecter les amines biogènes, telles que la cadavérine et la putrescine, qui sont les principaux marqueurs émis lors de la décomposition de la viande. « Nous utilisons des métalloporphyrines, c'est-à-dire des molécules cycliques qui abritent un atome métallique de Cobalt au centre. Cet atome métallique a la particularité de se lier aux amines. Une fois les molécules de cadavérine et de putrescine détectées, cela va provoquer une baisse du courant électrique et donc un changement de la résistance des nanotubes de carbone », explique Timothy Swager.

Le capteur est composé de nantube de carbones auxquels des groupements chimiques sont greffés. Crédit : MIT

Autre intérêt du système, être imprimé sur des packagings, à l'instar des étiquettes intelligentes, afin d'être scanné par des smartphones, de manière à informer le consommateur sur l'état de la viande. Pour l'instant, le capteur a été testé sur des matrices comme les viandes bovines et de porc, le poulet et sur du poisson (saumon et morue). Les chercheurs ont déposé un brevet sur ​​la technologie et des discussions sont en cours pour la mise en place d'éventuels partenariats industriels.

Cette technologie n'est pas sans rappeler les Intégrateurs Temps-Température (ITT), chimiques ou microbiologiques, qui sont destinés à indiquer toute rupture de la chaîne du froid par la simple lecture d'une étiquette, et cela sans besoin d'analyses. En France, l'intégration de ces « étiquettes intelligentes » sur les emballages n'avait pas pris. En cause, un risque de mauvaise compréhension des consommateurs. Le marché s'est depuis restructuré vers le secteur du B to B (lire Décembre 2013, p 84).

« Single-Walled Carbon Nanotube/Metalloporphyrin Composites for the Chemiresistive Detection of Amines and Meat Spoilage ». Liu SF1, Petty AR, Sazama GT, Swager TM. Angew Chem Int Ed Engl. Avril 2015 doi: 10.1002/anie.201501434.

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