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Bel veut couvrir 100 % de ses besoins en soja responsable
Le groupe Bel a annoncé, en février, qu'il achèterait cette année des certificats RTRS (Round Table on Responsible Soy) de soja responsable pour couvrir la totalité des volumes de soja utilisés dans l'alimentation des vaches laitières de ses producteurs européens. Soit 44 500 tonnes. «Ce sont les premiers jalons de notre engagement à promouvoir et agir pour une production laitière durable. [...] A partir de 2016, Bel s'engage à couvrir 100% de ses volumes de soja utilisés au niveau mondial par l'achat de certificats RTRS », explique Magali Sartre, directrice communication externe et affaires publiques de Bel.
L'an dernier, les ventes de soja responsable certifié RTRS (Round Table on Responsible Soy) ont dépassé 1,3 millions de tonnes, soit 50% de plus qu'en 2013. Fin 2014, l'association RTRS regroupe 181 membres, allant des producteurs aux négociants, en passant par les industriels et les ONG dont WWF. Des résultats encourageants pour cette plateforme qui prône une autre façon de cultiver cet oléo-protéagineux. Elle a été créée en 2006 et vise à promouvoir la production et la consommation de soja répondant à un cahier des charges en matière sociale et environnementale sur le principe de l'huile de palme RSPO.
Préservation de la biodiversité, usage modéré de pesticides
Ce soja est principalement cultivé en Amérique du Sud où il y a une forte pression sur l'environnement, notamment au Brésil (62% de la production) et en Argentine. Il fournit quasi exclusivement le marché européen, très demandeur d'un soja qui ne participe pas à la déforestation. Il existe un référentiel d'une centaine de critères qui se répartissent en cinq catégories : les bonnes pratiques commerciales, les conditions de travail responsables, les relations responsables avec la communauté, la responsabilité environnementale et les bonnes pratiques agricoles. Parmi les standards : la préservation de la biodiversité, l'usage modéré de pesticides et le paiement correct des producteurs.
Feed Alliance et Cooperl Arc Atlantique ont adhéré
Comme la RSPO, il existe plus de production (2 millions de tonnes) de soja durable que d'achat. Des volumes très modestes eu égards aux quantités utilisées en Europe. L'Union européenne importe chaque année 35 millions de tonnes de soja, dont 75% sert pour l'alimentation animale. En 2020, la RTRS a l'ambition de vendre 10 millions de tonnes de soja certifié. La France tarde un peu à s'y mettre. Pourtant, certains ont déjà sauté le pas de l'adhésion comme Feed Alliance ou encore Cooperl Arc Atlantique.
Trois certifications au choix
En ce qui concerne les certifications, elles sont de trois types: crédits, mass balanced et ségrégé. Les crédits sont la solution la plus économique, le flux physique du soja n'est pas suivi. « On donne une contribution et on crée un lien direct avec le producteur sans passer par la supply chain », détaille Lieven Callewaert, représentant Europe pour la RTRS. « Le système mass balanced va contrôler les flux physiques entrants et sortants. L'acheteur est certain qu'une partie du soja qu'il reçoit est certifié durable. » Enfin, le soja RTRS ségrégé est tracé et séparé du soja standard. Une solution plus onéreuse car elle demande des infrastructures spécifiques. Quant aux producteurs, ils touchent le même revenu pour leur soja durable, quelle que soit la certification achetée. Les différences de prix se situent sur la traçabilité et la séparation des flux physiques avec du matériel ou une chaîne logistique à part. Acheter des crédits revient environ 0,7% plus cher qu'un soja standard, le mass balanced 2%, et le soja ségrégé, 25%. Un autre point à prendre en compte est la présence d'OGM. La philosophie de la RTRS est de rester neutre à ce sujet, il faut savoir que le soja durable est autant OGM que le soja standard, de l'ordre de 90%. Ainsi pour être sûr d'avoir du soja non-OGM et certifié RTRS, il faut forcément qu'il soit tracé et donc ségrégé.
Pour en savoir plus, un congrès RTRS aura lieu à Bruxelles les 19 et 20 mai 2015.