Présents partout autour de nous, les plastiques représentent une menace pour l’environnement, mais aussi pour les humains. Dégradés sous forme de microplastiques, ces composés se retrouvent dans notre alimentation. Des scientifiques d’Inrae, en collaboration avec l’Université Clermont Auvergne, ont réalisé des travaux pionniers pour évaluer leur impact sur le microbiote intestinal. Des résultats parus dans Journal of Hazardous Materials.
L’équipe de recherche a utilisé un modèle in vitro original qui reproduit l’environnement du côlon humain, l’élément final de la digestion. Ils ont pu ainsi étudier le devenir du plastique le plus largement fabriqué au monde, le polyéthylène (PE). « En moyenne, 100 millions de tonnes de PE sont produites chaque année, dont la moitié pour fabriquer des emballages comme les sacs plastiques pour les courses. En plus d’être un produit pétrosourcé, il faut entre 100 et 400 ans pour qu’il se dégrade dans la nature », précisent les scientifiques.
Une augmentation des bactéries potentiellement néfastes
Les interactions possibles de ces microplastiques de PE ont été passées au crible : avec les processus de digestion, avec le microbiote intestinal, mais aussi avec la barrière intestinale. Cette dernière comprend l’épithélium (peau tapissant l'intestin) et le mucus, qui joue un rôle fondamental dans la fonction barrière de la muqueuse.
Selon les premières conclusions de l’étude, les microplastiques de PE modifient le microbiote intestinal in vitro. Les effets varient en fonction des individus, mais une tendance se dégage. On constate une augmentation de bactéries pouvant être néfastes et une diminution de bactéries bénéfiques pour la santé. Une nouvelle encourageante cependant : ces changements n’impactent pas l’intestin dans sa fonction de barrière. Il conserve son imperméabilité et ne présente pas d’inflammation.
Ces résultats fournissent des informations pionnières capitales pour comprendre les interactions entre microplastiques et corps humain. Une piste supplémentaire pour une meilleure évaluation des dangers et risques sanitaires liés aux plastiques et microplastiques. Voire pour faire évoluer la réglementation européenne en contribuant à la définition de quantités maximales. Dans le cadre de la refonte de la directive sur l'eau potable (Directive UE 2020/2184), la Commission européenne n’exclut en effet pas de compléter la liste de surveillance des substances pouvant présenter un risque pour la santé.